Citations sur Justice indienne (148)
C'est là que je sentis le parfum de Marie. Pas seulement son parfum mais son odeur.
Elle me heurta en pleine poitrine, et j'eus l'impression de la percevoir avec toutes les cellules de mon corps. Son parfum était irrésistible, et je sentis tout mon corps parcouru de désir. Ma volonté se fissura, j'essayai de me dire que c'était une erreur, que je devais laisser la situation telle qu'elle était. Mais..ce parfum.
Je plongeai de la Falaise.
La musique nous parvint entre les palmiers et il était facile d'imaginer que nous nous trouvions vraiment dans une station balnéaire, au Mexique.
Ce que nous mangions ce soir était de la nourriture de gringo déguisée en cuisine mexicaine, comme un Blanc avec un sombrero sur la tête. Tacos insipides, enchilladas fades et haricots frits sans goût.
Comme promis, la Casa Bonita était un mélange bizarre de parc d'attractions et de restaurant mexicain. L'endroit était gigantesque, avec un immense clocher rose planté au milieu du parking. A l'intérieur, nous découvrîmes avec surprise une cascade de dix mètres de haut et un bassin, des plongeurs, des groupes de musiciens qui se promenaient entre les tables, des spectacles de marionnettes et même une grotte de pirates. La serveuse nous prit en pitié et nous installa loin des familles avec des enfants qui hurlaient. Elle nous emmena à l'étage et nous attribua une table près du sommet de la cascade. Nous étions entourés de faux palmiers et de torches en bambou, qui nous donnaient un peu d'intimité et une vue imprenable sur les plongeurs. Il s'agissait apparemment d'étudiants, déguisés en bandits, en pirates, et - je vous le donne en mille- en Indiens. Les plongeurs braillaient leurs répliques, qui semblaient toujours tourner autour de gentils pourchassés par les méchants, avant de se jeter dans le bassin en dessous. Je fus soulagé de voir que le méchant n'était pas un faux Indien mais une personne vêtue d'un costume de gorille. A chaque plongeon, les enfants en bas criaient leur enthousiasme, et il était facile de se laisser aller à la frivolité de l'endroit.
Nous attendîmes à peu près dix minutes qu'il prépare les boissons, autrement dit, qu'il finisse de moudre les grains, qu'il installe un drôle d'entonnoir au-dessus d'un pot et verse de l'eau bouillante une molécule après l'autre dans l'entonnoir. Tout le processus me rappelait mes cours de chimie. Rien à voir avec la préparation du café à l'indienne, qui consiste à jeter du café moulu dans une cafetière sur un réchaud. Je dois l'avouer, le café était vraiment bon, et même exceptionnel, rien de comparable avec le jus qu'ils servaient au Big Bat à Pine Ridge. Et le café de Big Bat était unanimement considéré comme le meilleur dans un rayon de cent cinquante kilomètres. Bien entendu, ce café sophistiqué avait intérêt â être bon, vu que chaque tasse coûtait en gros le prix d'une livre de Folgers.
- Deux grands café, un noir et un crème, répondis-je.
- Aujourd'hui, on prépare La Mestiza. Ce sont des grains lavés en provenance du Guatemala, de la variété Caturra et dont le terroir se situe au sud de la région du Huila. Si vous avez envie de lire les notes de dégustation, je les ai là. Il a un corps rond et léger, avec des arômes de pop-corn caramel et sucre brun. Et je suis désolé, on ne sert pas de lait avec nos cafés. Nous voulons que vous fassiez l'expérience des saveurs et du bouquet du café, pas de ceux d'un produit animal bourré d'hormones.
Oui, il était mon neveu, pas mon fils, mais pour les Indiens, la distinction n'existait pas. Les nièces, neveux, cousins - tous étaient considérés comme la famille proche, pas comme des parents éloignés qu'on pouvait ignorer.
C'était drôle que Marie - pacifiste à ses heures - fasse référence à Crazy Horse, le Lakota qui avait juré de combattre les hommes blancs jusqu'à son dernier souffle.
Personne n'aimait les indics, mais les Indiens surtout détestaient les fédéraux, qui n'avaient jamais tellement manifesté d'intérêt quand on leur demandait d'arrêter des criminels sur la réserve.
- Mais pourquoi les réserves ? demanda Marie. Nous ne sommes pas très nombreux. Il semblerait plus logique d'aller dans des endroits où il y a plus de monde.
- Le reste du marché est saturé, du moins dans l'ouest. Et les réserves sont une cible logique, car la présence policière y est faible. Il y a combien d'agents de la police tribale chez vous, une cinquantaine ?
- Même pas, dis-je.