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Ce premier roman ( noir ) très réussi commence avec une enquête sur les traces de trafiquants d'héroïnes qui sévissent dans une réserve indienne du Dakota du Sud. le récit est plein d'actions, débordent de criminels, de poursuites de combats ( incroyable baston à mort avec un aiguillon à bétail ). le narrateur, Virgil, est un justicier professionnel, un homme de main payé pour venger avec les poings les criminels locaux.

A mesure que le récit progresse, le polar se fait de plus en plus intimiste, nous plongeant dans le ressenti de personnages très attachants, à commencer par Virgil : lui a renié les traditions lakotas depuis des tragédies familiales qui l'ont conduit à élever seul son neveu, adolescent à la dérive, proie facile pour les trafiquants d'opioïdes. Un personnage à l'identité déchirée, héros parfait pour ce type de roman.

Roman noir, policier, intime mais aussi et surtout social, décrivant de façon très réaliste et authentique le vécu des Amérindiens. La colonne vertébrale du récit est la vulnérabilité des habitants des réserves. En fait, Justice indienne a une forte dimension politique qui attire l'attention sur la faillite du système judiciaire dans les réserves. Depuis le Major Crimes Act voté en 1885 par le Congrès américain, la police tribale n'a aucune compétence pour instruire des affaires criminelles sur son propre territoire. Dès qu'il s'agit de meurtres ou agressions sexuelles, elle doit en référer aux autorités fédérales qui beaucoup trop souvent n'engagent aucune poursuite, même lorsque le coupable est identifié. On sent la colère de l'auteur de voir ses personnages poussés à se faire eux-même justice, ce qui équivaut à de la vengeance pure et simple.

Si la trame narrative policière est peu rigoureusement construite, souvent brouillonne avec des redondances qui auraient mérité une petite coupe , tout l'arrière-plan politique et social est absolument passionnant, surtout sous la conduite de personnages qu'on adopte immédiatement. C'est à travers eux qu'on découvre la culture lakota et son histoire. C'est toute la question de l'identité des Native americans qui jaillit de chaque situation. Loin des clichés habituels, Justice indienne met en lumière la difficulté pour les Amérindiens à maintenir l'intégrité de leur mode de vie et de leur vision du monde. Une scène très intense met ainsi en scène Virgil, le "renégat", lors de la cérémonie du yuwipi ( cérémonie de guérison traditionnelle Lakota ), où en proie à des hallucinations, il revit le massacre de Wounded Knee de 1890. Virgil, qui rejette la spiritualité lakota, devra se réconcilier avec elle pour résoudre l'enquête et surtout se construire un avenir.

David Heska Wanbli Weiden est un auteur très prometteur. Empli d'une acuité à la fois tendre et acéré, il a beaucoup à dire sur la condition amérindienne contemporaine.
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Aux États-Unis, quand on vit sur une réserve indienne, mieux vaut ne pas avoir besoin de faire appel à la justice, sauf s'il y a eu meurtre, les fédéraux, bien souvent, ne se bougent pas. Virgil gagne sa vie en comblant ce manque, c'est une sorte de justicier professionnel.
Je ne suis pas très polar, mais celui-ci m'a beaucoup plu. D'abord parce que Virgil est un personnage bien cabossé, plein d'humanité, bien attachant. Ensuite, parce que David Heska Wanbli Weiden sait y faire pour évoquer la vie des Indiens Lakota, écrire un roman engagé pour y dénoncer notamment les défaillances de la justice, sans que le roman n'y perdre rien question rythme: l'intrigue est prenante, et le roman se lit avec plaisir et intérêt.
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Justice indienne est un roman noir qui nous plonge de plein pied dans la vie d'une réserve indienne de Rosebud, dans le Dakota du Sud.
Nous faisons la connaissance de Virgil Wounded Horse, sorte d'homme à tout faire, avec ironie on dit de lui que c'est l'homme de main local, disons que Virgil a une carrure impressionnante et, pour quelques billets, loue ses gros bras pour mettre un peu d'ordre quand il y a du grabuge. Virgil est plein de loyauté, il a un sens de la justice, s'indigne quand elle n'est pas respectée... Et ici c'est monnaie courante, dans un contexte judiciaire où la justice fédérale refuse d'enquêter sur la plupart des crimes commis au sein de la communauté indienne, tandis que la police tribale dispose de peu de moyens... Alors, la nature ayant horreur du vide, c'est un peu une justice auto-proclamée qui s'impose, pour laquelle Virgil Wounded Horse prend à coeur ses missions, avec toujours une attention aux plus défavorisés. Virgil Wounded Horse est quelqu'un qui a le coeur sur la main, même s'il a le coup de poing facile...
Très vite, on découvre un peu l'histoire, le passé de Virgil Wounded Horse, qui désormais refuse le moindre verre d'alcool... Il vit avec Nathan, son neveu de quatorze ans dont il assure l'éducation, qui poursuit tant bien que mal sa scolarité.
Mais voilà que Nathan se retrouve mêlé à une sombre histoire de drogue, un peu par accident, presque à son insu, mais pour le coup la police fédérale met le nez dans cette histoire et ça ne sent pas bon, l'adolescent se retrouve enfermé dans un centre de détention pour mineurs en attendant que la justice se prononce sur son sort... Il suffit alors de tirer le fil de cette histoire comme un écheveau et Virgil découvre alors l'existence d'un réseau de trafiquants extérieur à la réserve, mais prêt à s'y infiltrer, à se propager comme une pieuvre avec ses tentacules, et cela, Virgil Wounded Horse ne le supporte pas un seul instant...
Ce sont les tripes de Virgil qui vont alors parler. Et elles seront éloquentes sur le sujet... Mais pour cela, Virgil devra composer avec l'autorité fédérale et le contrat qui est proposé, permettant à Nathan d'être libéré provisoirement, sous caution. Un avocat est dépêché et m'est avis qu'il ressemble comme deux gouttes d'eau à notre auteur...
Dans son chemin de justicier, Virgil entraîne dans son sillage son ancienne petite amie, Marie Short Bear, et c'est comme l'écho d'un souvenir merveilleux et douloureux qui refait surface.
J'ai aimé ce livre, j'y suis entré avec bonheur. J'ai entrouvert le voile d'un paysage que j'aime, que j'ai déjà eu l'occasion de côtoyer en littérature... Ici, le sujet des minorités dans une Amérique qui n'en tient peu compte, du moins sous l'ère qui s'achève de la présidence Trump, est un sujet auquel je suis très sensible... Comble d'ironie, les lakotas qui s'en sortent le mieux parviennent parfois à racheter aux Blancs quelques parcelles de terres qui avaient été confisquées à leurs ancêtres...
J'ai aimé le personnage de Marie, qui décide de bousculer le destin qui est souvent consenti aux jeunes générations amérindiennes, en voulant devenir médecin. Devenir médecin pour Marie, c'est aussi aspirer à aider son peuple.
Je vais vous donner trois bonnes raisons de lire et aimer ce roman.
Justice indienne est le premier livre de David Heska Wanbli Weiden, un auteur d'origine lakota lui-même qui, de surcroît, a commencé une carrière d'avocat avant de se consacrer à l'écriture. Autant dire qu'il connaît son sujet.
Ce roman pose un regard sans filtre et sans concession sur la condition des Indiens lakotas, regard que l'on peut étendre sans difficulté à l'ensemble de la cause amérindienne.
Alors, parfois oui il y a quelques digressions, allopathiques ou culinaires, sociales aussi, qui nous éloignent du coeur du sujet, sauf à considérer que le coeur du sujet n'est peut-être pas cette intrigue policière, mais davantage le paysage sociologique qui l'entoure et l'occasion de découvrir une autre conscience, celle indienne...
Ceux qui y iront chercher l'intrigue policière comme seule essence de ce roman seront déçus. Ceux qui viendront chercher une âme, deux mondes qui se rencontrent, entre tradition et modernité, un pont entre deux rives, seront je l'espère séduits comme je l'ai été.
Ici la réalité américaine du XXIème siècle côtoie les rites de purification. Faire brûler un peu de sauge sur une tombe... Entrer au son des tambours dans les pow-wows...
Ici les techniques de guérison indigènes traditionnelles se combinent avec la médecine occidentale...
J'ai aimé ce regard touchant de Virgil se penchant sur la tombe de sa mère et se souvenant des derniers mots de celle-ci avant de rejoindre les grands espaces infinis des lakotas :
- Akita mani yo.
"Observe tout en marchant." Je crois qu'elle voulait dire qu'il fallait que j'aie conscience du monde tel qu'il était vraiment, pas tel que je voulais qu'il soit. La conscience indienne.
Oui, c'est bien la conscience indienne qui est au coeur de ce roman, à travers des histoires, des regards qui se croisent, la justice, l'amour, l'adolescence, la résilience, les rites de passage, l'écho d'une terre volée à leurs ancêtres, le devenir d'un peuple fragmenté entre tradition et modernité...
J'ai aimé les paysages intimes de ces personnages attachants que sont Virgil et Marie, j'ai aimé leurs doutes, leurs fêlures, leurs rêves immenses...
Enfin, je voudrais témoigner ici de la qualité de la traduction, ce roman étant traduit par Sophie Aslanides. On parle beaucoup des auteurs et si peu des traducteurs. Il y a peu de temps, grâce à Nathalie qui se reconnaîtra ici, j'ai découvert l'existence de cette traductrice talentueuse, ayant notamment lu des livres traduits d'elle comme ceux de Craig Johnson. On ne dira jamais assez le talent de ces traducteurs, qui sont des interprètes d'un texte, des passeurs, ce sont leurs mots que nous lisons finalement. Et je sais, pour avoir lu quelques propos de Sophie Aslanides sur Internet, son éthique dans la traduction et surtout son attention à ne pas tout traduire de manière littérale. Imaginez un instant ce que cela aurait pu donner les noms de Virgil Wounded Horse ou bien Marie Short Bear, sous la plume d'un traducteur bien moins bienveillant...
Ce soir, chers amis lecteurs, je vous dis à mon tour : « Akita mani yo ».
Je veux ici remercier Babelio et les éditions Gallmeister dans le cadre de l'opération Masse Critique pour m'avoir permis de lire et partager ce très beau roman.
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Premier livre de David Heska Wanbli Weiden, « Justice Indienne » est un roman noir dont l'intrigue se déroule sur la réserve indienne de Rosebud dans le Dakota du Sud, où vivent des indiens Lakota, descendant des guerriers Sioux, qui, cent cinquante ans plus tôt, menés par le légendaire Sitting Bull ont infligé au général Custer et à son armée la plus cuisante défaite de l'histoire des guerres indiennes.

Hélas, la célèbre victoire de Little Big Horn sera le chant du cygne de la révolte indienne qui prendra définitivement fin quelques années plus tard dans la neige sépulcrale du massacre de Wounded Knee. Depuis, les Lakota vivent chichement, parqués sur une réserve, eux qui furent, au temps jadis, de fiers guerriers et de vaillants chasseurs de bisons parcourant inlassablement les grandes plaines inviolées du nord de l'Amérique.

Le héros et narrateur du roman, Virgil Wounded Horse est un sang mêlé qui a subi adolescent le mépris des blancs et les moqueries des indiens de souche. Sur la réserve où il vit avec son neveu Nathan, la plupart des crimes ne sont pas pris en compte par le système légal américain et la police tribale ne dispose que de peu de moyens. Virgil est ainsi devenu une sorte de justicier qui loue son aptitude peu commune à la violence aux membres de la réserve désireux d'obtenir une forme de réparation ou de justice.

Le père de l'ex-petite amie du héros, Ben Short Bear, sur le point de se présenter à l'élection à la présidence du conseil tribal, fait appel à lui pour traquer une petite frappe dénommée Rick Crow qui serait en train d'introduire de l'héroïne sur la réserve. Virgil abandonne pour un temps son activité de redresseur de torts pour mener une enquête policière en territoire indien, accompagné de son ex-petite amie Marie, tout en tentant tant bien que mal de veiller sur son jeune neveu Nathan.

« Justice Indienne » est un roman à deux facettes. La première est celle d'un roman policier à la trame très classique, conférant un air de déjà-vu à la lecture. La seconde facette traite de la quête identitaire de Virgil. Il s'est éloigné des rites et coutumes de son enfance mais reste attaché aux croyances de ses aïeux. L'enquête tortueuse dans laquelle il s'est engagé le forcera à questionner la pertinence de la sagesse de ses ancêtres dans un monde gangréné par la soif de pouvoir, l'argent et la drogue.

Le prisme « indien » du roman est à la fois sa force et sa faiblesse. le retour sur les traditions des indiens Lakota fait en effet toute l'originalité de l'ouvrage et lui confère un supplément d'âme qui le distingue d'un banal roman noir. Et pourtant la quête identitaire du héros résonne de manière un peu trop convenue, elle est tellement dans l'air du temps qu'elle en perd parfois sa pertinence.

« Justice Indienne » est un ouvrage qui se distingue par l'importance qu'il accorde à la culture, aux pratiques, voire à la magie des indiens Lakota. Si la poésie des rites indiens transparaît par instants dans le livre de David Heska Wanbli Heiden, l'intrigue trop conventionnelle et l'insistance victimaire de la quête du narrateur empêchent le roman de tenir toutes ses promesses.


PS : Pour les lecteurs désireux d'approfondir la culture Lakota, je me permets de conseiller l'immense livre de Black Elk et John Neihardt, « La grande Vision », qui retranscrit la vision qu'eût en 1873, alors âgé de dix ans, Black Elk, homme-médecine considéré comme un saint homme par son peuple.
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Le rouge et le noir de la superbe couverture de ce Gallmeister me semblent symboliser, une fois le livre achevé (oublions Stendhal un instant !), la violence et le manque d'ouverture, d'avenir, régnant dans les réserves indiennes (ressenti très personnel).
Ici, celle de Rosebud, dans le Dakota du sud, mais représentative d'autres sites...

Dans la présentation de l'auteur figurant dans le rabat de cette couverture, il nous est précisé que cet ouvrage fut sélectionné par le magazine Publishers Weekly parmi les douze meilleurs romans policiers de l'année...
Surprenant...
Pour moi, cela ne situe pas le livre à sa juste place : je l'ai vécu comme un magnifique roman « social », un très beau témoignage romancé de la vie dans les réserves, une tranche de vie de personnages bien campés aussi... Et, si l'on y tient vraiment, comme un roman policier.... mais telle n'est vraiment pas sa qualité première, ni, si je ne me trompe, son but !
L'intrigue policière, une affaire d'introduction de drogue dans la réserve, me semble plutôt être prétexte à nous faire vivre et ressentir tous les autres aspects du roman que je viens de citer, et qui en font la singularité et la valeur -l'auteur étant lui-même indien lakota-.

Après cette lecture, on visualise différemment les fameuses réserves, elles prennent soudain davantage de réalité, de profondeur, de relief. L'auteur précise par exemple que des blancs y vivent, ce que j'ignorais. En suivant les personnages, on perçoit, on « vit », le monde à part qu'elles représentent. Monde dépourvu à la fois des traditions et de la modernité, d'une certaine manière.
Coté tradition, cet espace est maintenant deshérité de la plupart des coutumes ancestrales (en partie perdues mais que certains s'acharnent à faire revivre)... le bison noir représenté en couverture, animal emblématique de la vie, de la culture et de l'alimentation indienne traditionnelles, n'est par exemple presque plus consommé dans la cuisine indienne des réserves, envahie par des préparations culinaires non traditionnelles, comme le montre le récit.
La langue lakota est pratiquement tombée en désuétude auprès des jeunes...
Coté modernité, on comprend vite que ce monde est complètement coupé des règles de la vie américaine contemporaine.

Dans cette faille se trouve, entre autres et en particulier, la question de la Justice. La justice tribale est censée se limiter aux petits délits, tandis que la justice fédérale n'interviendra qu'en cas de meutre (et encore, 35% des poursuites sont abandonnées précise l'auteur).
Au milieu : un No mans land, dans lequel sévissent les délits impunis.
D'où l'activité de « justicier autoproclamé » du personnage principal Virgil, activité (métier presque) dont l'auteur prend soin d'expliquer, dans la postface, qu'elle fait partie de la vie quotidienne des indiens dans les réserves. « le problème des autorités fédérales qui refusent d'instruire des affaires de crime sur les réserves est abondamment décrit », écrit David Heska Wambli Weiden. Alors que les enquêteurs fédéraux ont une compétence exclusive sur ces délits.
Ce qui pouvait -et peut- nous choquer, dans cette justice indienne, s'«explique » par ce contexte.

Cette postface est très précieuse pour resituer les événements que nous venons de vivre de manière romanesque dans un cadre réel...
Et le « retour sur terre » est rude !
Elle est riche également en références d'ouvrages à consulter pour creuser le sujet.
L'auteur y explique aussi qu'il a volontairement préservé le secret dans les scènes de spiritualité indienne, ne nous livrant que des détails qui avaient déjà été dévoilés.
Cette manière un peu atypique de faire, en addendum, le lien entre roman et réalité m'a beaucoup interessée et impressionnée.

Autre aspect de l'intrigue, qui m'a particulièrement interpellée : l'utilisation des (rares) subventions accordées au peuple indien. Subventions scandaleusement détournées dans le roman ! Comme très certainement parfois dans la réalité dont s'est inspirée l'auteur...

Attention, le tableau n'est pas uniquement négatif, et montre aussi la solidarité, l'amour qui peut naître et renaitre, l'investissement des jeunes et moins jeunes dans la sauvegarde du peuple indien et de ses conditions de vie !

... Je ressors de ce livre très dépaysée par ce monde clos et habituellement inaccessible, observé grâce à notre guide-auteur... et un peu sonnée de devoir penser que, oui, tout cela se passe bien ainsi de nos jours.

.... Je reviens de cette lecture avec une vision modifiée et enrichie du paysage américain.

Puissance de la littérature... et de ce riche premier roman en particulier !

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Si vous aimez les romans policiers atypiques, si vous avez envie de vous plonger dans le Dakota du Sud dans la réserve indienne de Rosebud, si vous avez envie d'en apprendre plus sur les indiens Lakota en évitant tous les clichés alors Justice Indienne est fait pour vous !

J'avoue que les histoires de justicier façon Charles Branson cela n'a jamais été mon fort. Alors qu'est ce qui a fait que Virgil Wounded Horse m'a plu rapidement ?

Parce que loin d'être une brute épaisse, toutes les choses qu'on apprend par flash back sur son enfance rendent compréhensibles son présent.

Parce que face à son neveu qu'il élève et à Marie, son ex, il montre beaucoup plus de sensibilité qu'on imagine au départ.

Et puis quel plaisir de plonger dans cette communauté dont je ne connaissais quasiment rien, à travers ses racines et son histoire mais aussi à travers sa place aujourd'hui dans la société américaine (saviez vous par exemple que la police fédérale dans la réserve n'enquête que s'il y a un meurtre laissant beaucoup de crimes et de délits impunis ?)
On est très loin des clichés que l'on peut lire parfois en partant à la découverte d'un peuple Lakota qui essaie de vivre dans le monde d'aujourd'hui tout en gardant à l'esprit la conservation de leurs traditions ancestrales.

Si j'ajoute qu'il y a un suspense croissant, la conjonction de destins personnels et d'une question universelle (peut on se faire justice soi même), vous ai-je convaincu de lire ce premier roman de David Heska Wanbli Weiden sublimement traduit par Sophie Aslanides ?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est avec trois ans de retard que j'ai enfin sorti ce roman qui se trouvait dans les 6 premiers titres de ma "PAL Urgente" (des titres datant de mai 2021) !

C'est vous dire mon retard abyssal (ou la quantité de livres que je voudrais lire et qui se trouvent sur la PAL Urgente).

J'ai reporté sa lecture et ce fut un tort, parce que nom de Wakan Tanka, c'était de la bonne came, ce roman noir.

Came n'est peut-être pas le mot le plus approprié, je risque de me faire taper dessus par Virgil Wounded Horse… Il n'aime pas que de la blanche (héroïne) circule dans la réserve de Rosebud (comme le traîneau de Charles Foster Kane et le mot magique pour faire attaquer des dobermans dans un Columbo). Cette réserve indienne est située dans le Dakota du Sud.

Dans ce roman noir, je me suis attachée très vite à Virgil (justicier professionnel) et à son neveu, Nathan, qui a bien du mal à se faire accepter à l'école, parmi les autres Natifs, puisqu'il est sang-mêlé… Oui, dans ce roman, le racisme, la xénophobie et l'imbécilité sont de sortie : pour les Blancs, Nathan est trop Rouge et pour les Natifs, il ne l'est pas assez.

Sérieusement ? Encore une preuve qu'il est impossible que nous soyons les êtres les plus avancés de la Terre. Et dans ces pages, il y aura des véritables morceaux de racistes débiles, qui se croient plus intelligents que les autres, plus "vrais américains" et j'ai eu mal au bide devant certaines insultes, comme "nègre des plaines"…

Ce roman noir n'est pas un polar qui avance sur les chapeaux de roues, que du contraire, il prend son temps, mais je n'ai pas vu le temps passer, tant le récit et tout ce qui se trouvait dedans était des plus intéressants.

En fait, l'intrigue policière n'est pas le but en soi de ce récit. Elle est présente, Virgil enquête, mais c'est le côté social qui est le plus important dans ce roman noir.

L'auteur appartient à la nation Lakota Sicangu et il en profite pour parler de tout ce qui ne va pas dans les réserves, sans pour autant sombrer dans le pathos ou le larmoyant.

C'est avec beaucoup de finesse et sans filtres aucune, que ces problèmes sont incorporés dans le récit, lui donnant de l'épaisseur, de la profondeur et j'ai eu du mal à quitter Virgil, Nathan et Marie Short Bear, l'ex-petite amie de Virgil.

Un excellent roman noir, social, qui m'a emporté dans le Dakota du Sud durant deux jours de lecture intense, totalement immergée dans la culture amérindienne et dans les problèmes des Natifs de cette réserve (et de tous les autres ailleurs).

Rien de reluisant, dans les réserves : beaucoup de misère, d'alcool, de drogues, de chômage, de décrochage scolaire, de racisme de la part des Blancs et même entre eux (ça, c'est dans tous les peuples, l'Homme est ainsi)…

Mais pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt, moi ?? J'avais une pépite de roman noir dans ma PAL et j'ai reporté sa lecture à la Saint-Glinglin (qui vient d'arriver)…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Ce roman américain est un véritable coup de coeur ! J'ai aimé tout ce que l'auteur a proposé ici : la confrontation de ce qui reste des moeurs et rituels d'une tribu d'Indiens d'Amérique, les Lakotas, avec l'une des problématiques de la société américaine actuelle : l'invasion de la drogue dure auprès de la population des adolescents. Les personnages principaux, Virgile, homme de main au grand coeur, et Marie, ambitieuse pour l'avenir de sa tribu, sont des personnages finement élaborés auxquels on s'attache rapidement. Cap sur la réserve indienne de Rosebud, dans le Dakota du Sud.

« C'était un sale con - un ivrogne de première, un voleur et un menteur. Il avait toujours une arnaque sur le feu. Sans parler du fait qu'il était le leader de la bande de gamins qui m'avaient tourmenté quand j'étais à l'école, le roi des brutes, celui qui était toujours sur le dos des faibles. J'étais le plus faible, en ce temps- là. Mais ce n'était plus le cas. » Virgil Wounded Horse gagne sa vie en tant que redresseur de torts. Ne supportant pas l'injustice depuis son plus jeune âge et ayant été harcelé petit, il a décidé de mettre son imposante carrure et ses muscles à disposition des personnes ayant été agressées ou lésées. Quand Ben Short Bear, conseiller de la réserve indienne de Rosebud, lui demande de retrouver le responsable de l'introduction d'héroïne de la communauté, il ne se fait pas prier. Ce qu'il ignore, c'est l'impact inoubliable et inattendu que cette mission va avoir sur les siens…

« Elle croyait qu'on pouvait raisonner les voyous, qu'on pouvait les convaincre de changer de comportement. Mais moi, je savais. » Marie est la fille du conseiller Short Bear. Très engagée dans les missions humanitaires mises en place dans la réserve, elle souhaite encore élargir son champ d'action en allant étudier la médecine, afin de mettre en place un système de soins mêlant médecine « officielle » et rites spirituels ancestraux. Ancienne petite- amie de Virgil, elle va insister pour enquêter avec lui sur les trafiquants de drogue.

Au final, un roman captivant, aux nombreux rebondissements, qui instruit le lecteur sur l'évolution des Indiens d'Amérique depuis que les colons européens les ont chassés, parqués, et asservis, sans que cela soit au détriment de l'intrigue policière. Cette dernière tient la route, avec ses soupçons, ses fausses pistes et une résolution progressive, mais aussi un retournement de situation final à couper le souffle ! Une lecture que je ne peux que recommander !
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La Nation Bison
Encore une excellente lecture découverte grâce à la collection Totem des Editions Gallmeister !
Destination le Dakota du Sud, un Etat où l'on peut visiter, entre autres, le Mont Rushmore et le parc national des Badlands. C'est à un tout autre « tourisme » que nous invite l'auteur, David Heska Wanbli Weiden, un voyage sombre au sein d'une réserve indienne, celle de Rosebud qui appartient à la Nation Lakota. En réalité, ces territoires restent la propriété de l'Etat fédéral américain, ils ne sont que « prêtés » aux indiens pourtant les habitants originels… Certaines parcelles sont même vendues à des « non-indiens » ce qui ne va pas sans créer des conflits. Autre sujet relatif aux réserves, celui de la justice : en effet, depuis le Major Crimes Act (1885), la police tribale n'a aucune compétence pour instruire des affaires criminelles sur son propre territoire... Dès qu'il s'agit de meurtres ou d'agressions sexuelles, elle doit en référer aux autorités fédérales qui, beaucoup trop souvent, s'en désintéressent totalement et n'engagent aucune poursuite, quand bien même le coupable est identifié. Une seule solution : engager un justicier. C'est le job de Virgil Wounded Horse : sang-mêlé, il élève seul son neveu depuis le décès de sa soeur. Virgil a tenté de quitter la réserve (« Je me demandai si je pourrais un jour vraiment quitter la réserve, car elle se trouvait dans mon esprit, une réserve virtuelle, dans laquelle j'étais apparemment indéfectiblement coincé ») et de renier ses racines lakotas mais il a finit par trouver un peu sa place et a le sentiment d'oeuvrer pour le bien commun en punissant ceux qui échappent à la justice. Comme ces trafiquants de drogue qui commencent à infiltrer le territoire de Rosebud. Tant qu'il s'agissait d'un peu d'herbe, tout le monde fermait les yeux mais maintenant, il s'agit d'opioïdes et d'héroïne, directement importés du Colorado. le responsable de ce trafic serait un certain Ricky Crow, bien connu de Virgil que Ben Short Bear, membre éminent du conseil tribal, engage pour le retrouver et lui faire passer l'envie de dealer à Rosebud.
Ce polar noir est le premier roman de David Heska Wanbli Weiden lui-même membre de la Nation Lakota, et c'est incontestablement une réussite. Au-delà de l'intrigue policière (qui parfois, recèle quelques faiblesses) c'est un véritable plaidoyer pour les amérindiens dont le sort ne peut qu'émouvoir et révolter.
Dans les réserves, le taux de pauvreté est ahurissant. Il rime avec alcoolisme et usage de stupéfiants, violences diverses et variées, dont on a un bon aperçu avec ce roman (attention, certaines scènes sont à la limite du supportable, je pense notamment à celle du chapître 14 et au petit Mikey). Fort heureusement, l'auteur ne reste pas que sur les mauvais côtés : au sein du peuple lakota par exemple, il y a de nombreuses initiatives solidaires et innovantes (l'auteur met l'accent sur la nourriture et la manière de changer les habitudes alimentaires désastreuses entraînant diabète, obésité morbide et obérant l'espérance de vie) ainsi qu'un certain retour aux traditions, spirituelles et culturelles. Virgil lui-même devra se réconcilier avec ces traditions pour parvenir à résoudre une enquête très personnelle.
Premier roman très prometteur, je guetterai le suivant.
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L'enquête policière de ce roman connaît une résolution bien simpliste et l'ensemble souffre de phrases trop prosaïques : le lecteur reste comme en-dehors des coutumes lakotas, pas parce que l'auteur est pudique à leur sujet et respecte leur caractère secret et sacré mais parce que saisir une atmosphère se révèle presque impossible dans cette succession d'actions (https://pamolico.wordpress.com/2021/01/10/justice-indienne-david-heska-wanbli-weiden/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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