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Citations sur Chambres antichambres (27)

Ce fut donc un choc quand, il n’y a pas si longtemps en fait, j’ai eu la photo de mariage des parents de mon père sous les yeux. Non seulement ils paraissaient jeunes et amoureux, mais c’était mon corps, dans cette robe de mariée : mes seins, ma taille, mes bras et mes épaules, mon visage.
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La femme n’a jamais considéré que sa vie était porteuse d’une histoire. Autrefois elle était jeune et ensuite moins jeune, mais ses souvenirs semblent trop personnels, trop volatils pour former un ensemble digne d’être mentionné. La jeunesse d’une fille de la classe moyenne, des parents aimants.
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Plus le comportement des personnages était banal, plus l’aversion des étudiants était grande. Quelqu’un qui détruisait toute une famille leur semblait moins abject que deux êtres mariés ayant une relation secrète ; un homme qui mangeait une tranche de pastèque après avoir trompé sa femme, plus bizarre que des voisins qui lapidaient une femme lors du rituel annuel de leur village.
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Les étudiants avaient très envie d’apprendre à écrire de façon critique, mais lire, c’était une autre paire de manches. Ce n’était pas une franche aversion qu’elle décelait chez la plupart d’entre eux, plutôt de la méfiance. La littérature n’était pas un invité de marque, c’était un intrus qu’on tolérait chez soi mais à petites doses et sous certaines conditions : si l’intrus avait un comportement déviant, il était réprimandé ou, du moins, condamné à voix basse pendant la vaisselle – une analogie qui s’était imposée à elle un jour, après avoir traité Cathedral avec ses étudiants, une nouvelle de Raymond Carver qui était beaucoup plus sentimentale que dans son souvenir, même si, autrefois, à la première lecture, elle avait pleuré à la fin, des larmes chaudes et sincères sur une plage de Croatie, avec le petit copain aux cheveux bouclés, aux épaules mollassonnes et aux ambitions mal définies, qui l’entourait de ses bras comme si elle avait besoin d’être consolée.
Bien sûr, c’était la peur qui provoquait leur mé­­fiance. Ils avaient peur du flou de ce qu’on leur donnait à lire, le terrain gris des nuances qui s’étalait sur les pages, la signification fragmentée. Ils pensaient que le rôle du critique, c’était d’infléchir les ambiguïtés vers un oui ou un non, un bon ou un mauvais. Les premières questions portaient toujours sur la moralité des personnages et, en conséquence, de l’auteur.
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Toute sa vie, elle avait été l’élève la plus appliquée de la classe jusqu’à ce que brusquement, au grand étonnement de tous et d’elle-même, elle cessât de l’être. Du jour au lendemain peut-on dire, l’université avait cessé de l’intéresser. Elle se baladait comme une étrangère dans les bâtiments qui lui étaient pourtant devenus familiers au fil des ans, et son envie constante d’être appréciée des profs avait débouché sur un dégoût de leur appréciation, qui se traduisait pour elle par de très bonnes notes et le soulagement sans équivoque qu’on pouvait lire sur leurs visages dès qu’elle prenait la parole dans un groupe de travail. L’université lui était soudain apparue comme un système fermé qui n’avait rien à voir avec le monde. La vie qu’elle se préparait, avec ses bonnes notes et sa bonne conduite, se déroulerait dans un bureau avec son nom sur la porte, dans des locaux confinés ou alors extrêmement stériles, dans les couloirs sans fenêtres d’hôtels sans fenêtres avec des moquettes bordeaux et des salles de conférences miteuses.
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C’était une matière facultative appelée officiellement Lire comme un critique mais qu’à part soi elle nommait Apprendre à lire pour débutants. Un travail plutôt correctement rémunéré bien qu’elle s’abstînt de dé­­duire un tarif horaire de la somme globale qui lui était versée sur son compte à chaque printemps et à chaque automne.
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Et que signifiait beau, charmant ? Du vocabulaire de midinette. Elle devait aussi arrêter de mettre des parenthèses partout. On écrit quelque chose ou on ne l’écrit pas.)
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Elle avait eu peur d’être déçue. Elle n’avait guère de souvenirs de la nuit où ils s’étaient rencontrés, ni de lui : ni des traits de son visage, ni de sa façon de parler, ni de ce qu’il avait dit, ni des vêtements qu’il portait. La seule chose qui lui était restée, c’était un sentiment de familiarité, confus mais agréable. Ils étaient tout un groupe dans ce bar sombre, un amalgame de gens après une représentation théâtrale. La femme connaissait la metteuse en scène, l’homme un des techniciens, bien qu’il ne fût pas technicien lui-même mais politologue. Ou sociologue.
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Les possibilités sont en germe dans ce qui existe et en même temps, elles sont infinies. Ce que nous nommons réalité n’est qu’un ramassis de possibilités qui se sont matérialisées. Le reste est sous-jacent.
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ne comprends pas grand-chose à la physique, il y a très peu de choses en tout cas que je comprends vraiment, mais d’après moi, ce qu’il veut dire, c’est à peu près ceci… Récemment je prenais un café avec une jeune mère et son petit. À un certain moment, la chaise du gamin a basculé et il est tombé à la renverse. J’ai pensé : à partir de maintenant, les possibilités se multiplient à l’infini. Il peut rester étalé sur le sol ou se relever de lui-même. Il peut crier, pleurer, rire, ne plus bouger.
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