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Citations sur Chambres antichambres (27)

Si j’étais née dans d’autres circonstances, si j’avais été élevée dans un milieu moins classe moyenne, liens affectifs sécurisés, formation universitaire, filet de sécurité en cas de chute, j’aurais été, j’en suis persuadée, facilement influencée par toutes sortes de gourous et d’idolâtries.
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Elle parlait d’échecs et d’humiliations, de désir et de rejet, et bien que son engagement fût total, qu’il s’apparentât souvent à une dissection de sa propre vie et à une exploration approfondie des vies et des réalités des autres, le plus époustouflant, c’était que ces choses, toutes ces choses qui, dans la vie comme dans la fiction, auraient fait basculer à peu près n’importe quelle femme dans l’abîme, avec la perte de soi comme unique perspective, trouvaient dans son œuvre des issues, se frayaient des passages qui ressortaient de l’autre côté du gouffre et – glorieusement ! – poursuivaient leur chemin, même si c’était vers le gouffre suivant. Patiemment, ses livres avaient attendu dans une semi-pénombre que l’air du temps leur soit favorable, que les rideaux s’ouvrent violemment pour laisser passer la lumière. La liberté que l’auteure avait cherchée et trouvée deux décennies auparavant, qui concernait la passion et le rejet des compromis ainsi que le refus d’avoir honte en cachette, ressemblait à une carte géographique qu’on aurait pu étendre telle quelle sur le territoire du XXI e  siècle. Ça lui donnait l’aura d’une visionnaire, d’un oracle, d’une Cassandre qui renaît de ses cendres et que l’on croit enfin.
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Ces dernières années, d’obscure auteure culte, suivie par un groupe de fans restreint mais dévoué, elle était devenue une sorte de rock star, portée aux nues par une nouvelle génération, essentiellement de femmes écrivaines et d’artistes en tout genre, elle était traduite en vingt-neuf langues, et des magazines comme The New Yorker, Vanity Fair, Vogue brossaient d’elle des portraits dithyrambiques. Son livre le plus célèbre avait entre-temps été filmé par le plus avant-gardiste des réalisateurs de cinéma mainstream et un groupe indie assez connu avait fait un hit modeste bourré de références sur son travail.
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Je l’imaginais toujours en noir, une veste en cuir usagé et des bottes noires, quelque chose dans le genre, mais elle portait une robe en polyester soyeux aux motifs floraux bigarrés, à la limite de l’hystérie. Elle se tenait dans un rai de lumière qui s’infiltrait dans l’entrebâillement d’une fenêtre à bascule. Elle n’avait rien d’une diva ou d’une célébrité. Elle avait plutôt l’air d’une gamine, alors qu’elle avait soixante et un ans. Une gamine qui avait tout vécu et dont le regard pouvait traverser le temps.
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Dresser un chien n’était pas dans ses cordes. Elle se moquait éperdument que le chien s’assît ou non quand elle disait assis , et elle ne pouvait que lui donner raison s’il préférait faire ses besoins dans le couloir plutôt que dehors sous la pluie. De plus, elle savait enfin comment continuer son histoire, même si la version fictive de ma mort devait être une triste mais courte agonie. Je lui ai demandé quelle maladie elle me réservait. Le cancer, bien sûr. Est-ce que je savais qu’il pouvait aussi s’attaquer au cœur ?
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Elle a trente-cinq ans mais porte son âge d’une tout autre façon que la grande majorité des femmes de ma connaissance. Les années sont bien présentes en elle mais plutôt comme une suite que comme une somme. Elle n’a pas d’enfant et n’en veut pas, et je pense, moi, que c’est un grand bonheur dans la vie d’une femme. Nous faisions notre tour de parc habituel. Le temps se manifestait par son absence, un non-air, une non-température, une indifférence humide qui s’infiltrait dans le tissu de nos manteaux ni d’été ni d’hiver.
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La seule chose que l’on peut affirmer avec certitude, c’est que les centres respiratoires sont des éléments du système nerveux autonome et, par conséquent, qu’ils réagissent automatiquement à une teneur trop élevée d’oxyde de carbone dans le sang. Cent milliards de cellules nerveuses qui, par le biais des neurotransmetteurs, envoient des signaux de panique au cerveau, plus qu’il n’en faut pour anéantir toute résistance illusoire, les mains qui s’agrippent au bord de la baignoire, l’effort, les muscles de la gorge qui se tendent, la tête penchée en avant : inspiration.
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