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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
L'enracinement est un livre inégal, qui semble partir un peu dans tous les sens. Il y a peut-être un manque de cohésion dû au fait qu'il ait été écrit dans une certaine urgence, pendant la deuxième guerre mondiale, pour répondre au désordre général. Car c'est bien ce besoin de remettre de l'ordre qui ressort au final.
Simone Weil part de la base, celle qui a été piétinée : Les droits de l'homme. Elle prétend que les rédacteurs de ces droits de l'homme ont commis une erreur de sémantique. Les hommes n'ont pas de droits absolus, ils n'ont que des devoirs, des obligations préfère-t-elle dire.
Elle commence donc par esquisser, en développant plus ou moins, des pistes qui pourraient déboucher sur une déclaration des devoirs envers l'être humain. Ensuite, elle parle du déracinement. Et elle commence par le déracinement ouvrier et paysan. C'est certainement la partie la plus faible du livre. Il est question de la condition ouvrière et d'une réorganisation pratique du travail qui permettrait d'améliorer la vie du peuple. Tout ça est imprégné par la pensée marxiste, la lutte des classes et un certain angélisme vis-à-vis de la classe ouvrière. Plus beaucoup d'intérêt aujourd'hui.
Mais la partie qui suit, consacrée au déracinement et à la nation, est vraiment passionnante. Elle retrace l'histoire de la nation française ; comment elle s'est développée, avec quelles ambiguïtés et quelles contradictions. le nationalisme et le patriotisme y sont décortiqués. le point qui m'a paru important, c'est la distinction qu'elle fait entre un patriotisme attaché à la terre, à la tradition, à une histoire et d'un autre coté le patriotisme qui est une exaltation de la gloire et de la conquête. C'est cette glorification de la conquête qui est extrêmement ambiguë, porteuse de haine, de violence et a pu mener au totalitarisme. Une distinction sans doute importante et qu'il ne faut pas perdre de vue, même si les choses ne sont pas si simples et ne peuvent pas l'être. Tout est une question de réception personnelle et de morale individuelle.
Mais Simone Weil s'explique dans la troisième et dernière partie, la plus longue, sur l'enracinement. On comprend mieux tout ce qui a été écrit avant, sur les châtiments, les sacrifices, etc. C'est bien une question de morale. Elle y expose son christianisme et déplore l'irréligion moderne et un excès de science matérialiste. D'une manière générale, l'histoire, sa perception et son enseignement sont au coeur de ce livre. Un livre, qu'il faut lire si l'on s'intéresse au nationalisme, écrit par une femme assez exceptionnelle, avec des idées personnelles et bien arrêtées.
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