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Critique de MartinServal


Derrière le prétexte d'une note à propos des partis, c'est encore une fois la recherche de la pureté de la Vérité avec une majuscule dont parle ici Simone Weil, sujet dont l'oeuvre ne s'éloigne jamais.

Son discours commence par une brillante et très rigoureuse réflexion sur le bien que peut apporter la démocratie. La philosophe démontre que la démocratie ne renferme pas de bien par essence, et ne peut, au mieux, que se révéler être le système qui a le plus de chance de faire advenir le bien, c'est à dire la vérité et la justice.
Mais pour cela il faut que la volonté générale puisse s'appliquer sans subir les passions collectives qui polluent la prise de décision.
Elle affirme également que le système représentatif plutôt que direct est un frein à l'expression de la résolution générale. Pour ces deux raisons, elle conclue que la République Française ne peut pas être considérée comme une démocratie.

Mais ce qui d'après elle, empêche le plus la démocratie d'advenir en France, c'est la présence des partis politiques qu'elle qualifie de machines à fabriquer de la passion collective, de l'hystérie sociétale.
Du fait de leur fin naturelle, qui est leur propre croissance, ils sont des totalitarismes en herbe qui recherchent la puissance à travers une doctrine au lieu du Bien à travers une pensée.

L'acmé de son raisonnement survient lorsqu'elle dénonce le relativisme de la vérité qui permet de renverser, dans les partis, la pensée et la conclusion : "je suis conservateur donc je pense que..." plutôt que "je pense que... donc je suis conservateur".
On prend position pour une opinion et ensuite seulement on cherche des arguments pour justifier son propre dogme, c'est donc la négation de la vérité comme bien général préalable.

Simone Weil reprend alors la thèse qui sous-tend toute son entreprise. le désir de la vérité élève l'âme et la rend disponible à la lumière de la vérité, c'est ce qu'elle nomme le mécanisme de l'attention. C'est donc une mise à disposition presque mystique de sa conscience, sans rien désirer d'autre que la vérité nue.

L'adhésion à un parti créé de facto un déséquilibre, un biais dans la recherche de vérité puisqu'il est impossible, même aux esprits les plus éclairés, de connaître l'intégralité de la doctrine du parti sur tous les points. Or, après y avoir adhéré, le nouveau membre est forcément influencé, même inconsciemment, par la propagande de son parti, ce qui l'empêche d'être dans les dispositions qui permettent de toucher la vérité dans le cadre décrit par Simone Weil.

Le fait de prendre parti, d'être pour ou contre, s'est ainsi substitué à la pensée, à la réflexion de plus large cadre, ce qui conduit la philosophe à réclamer la suppression de ces partis parasites.
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