Nous ne sommes pas devenus des stars, ça non. Nous n’avons pas fait de carrière internationale à tomber à la renverse, on n’a pas vécu les abîmes des ego tempétueux. Nous, nos passions étaient plus modestes, nos rôles plus humbles. Ce que nous avons bâti, en fin de compte, quand j’y pense, c’est un refuge.
Du reste, on s’exprime mieux par écrit, n’est-ce pas ? On est plus réfléchi. On évite bien des emportements.
Il se croit toujours dans les années quatre-vingt, il veut que je rentre dans la pub. Il faut des dents de requin pour ça, moi je suis une herbivore.
Tout perd de sa force au cœur de la nuit. Les conflits, les contradictions – ils sont comme une tempête avalée par le silence qui vous détache et vous protège de vous-même et du monde.
Ma chance, c’est que je rédigeais des dépêches financières. C’est un domaine si compliqué qu’il nécessite moins de compétence qu’on ne pourrait le croire, vu que personne n’y comprend rien, et cela me conférait du coup une certaine solitude que j’avais fini par rechercher : je tâchais de garder un profil bas.
Pour que la libération ait un sens il faut agir comme si on ne se libérait pas. C’était ma conclusion. Les choses restent tragiques et inévitables même quand elles sont de la blague.
Chercher le point de rupture avant même de nouer, tuer dans l’œuf ce que je désire...
On est en République ! C’est le droit des individus !
L’alcool m’avait fait perdre le sens des proportions – j’exagérais les choses.
Mes parents voyaient dans la culture un outil de domestication du monde – et dans le langage le harnais par lequel apprivoiser la violence. La discussion, le dialogue, la lecture étaient, pour eux, les instruments les plus efficaces capables de mettre à distance l’imprévisible sauvagerie de la nature humaine et d’instaurer, entre les êtres, des rapports de confiance.