Les hommes du Maine, tome 1 : Le fantasme de Finn

— À mon tour.
Il déposa une pluie de baisers le long de son torse, de sa nuque à son entrejambe, avant d’embrasser et de lécher son gland turgescent.
— Mon Dieu, lâcha Joel.
Il ferma les yeux tandis que Finn le prenait dans une main tout en suçant la couronne, l’aspirant un peu plus dans sa bouche à chaque fois que ses doigts redescendaient. Joel se rendit compte alors qu’il devait voir ça. Il rouvrit les paupières et souleva la tête pour regarder Finn vénérer son membre avec ses lèvres et sa langue, du sommet de sa fente à ses bourses gonflées, avant de faire marche arrière et de prendre Joel en bouche une nouvelle fois. Aucune hâte, aucune frénésie, rien qu’une vénération tempérée et délibérée de sa verge.
— Putain, comme j’ai envie de toi, lâcha Joel.
Finn s’arrêta en plein mouvement et sourit.
— Je suis là.
Il s’assit à califourchon sur Joel et remua le bassin dans un geste fluide et si sensuel.
Joel avait atteint son point de rupture.
Il désigna le tiroir de la table de chevet.
— Y a du lubrifiant là.

Il aurait voulu poser les mains sur les hanches de Finn, ou autour de son cou, mais il n’osait pas.
Et il ne comptait pas oser, pas tant que Finn ne l’aurait pas autorisé si explicitement que même un imbécile finirait par comprendre. Parce qu’en cet instant, c’était comme ça que Joel se sentait : comme un malheureux abruti dépassé par les événements qui voulait quelque chose de tout son être, mais sans avoir assez de courage pour s’en saisir à deux mains.
Parce que peu importait ce que Carrie ou Megan ou encore Seb pouvait bien dire…
Tout ce qui importait, c’était Finn, Finn qui en ce moment le regardait avec des yeux grands ouverts. Alors, le cœur de Joel faillit exploser hors de sa poitrine lorsque son charpentier l’attrapa par la nuque et l’attira à lui pour s’emparer de ses lèvres dans un baiser qui ne laissa plus aucun doute dans son esprit : Finn avait autant envie de lui que vice versa.

— Je parle de toi à tous mes copains, tante Megan. Et de toi aussi, tante Lynne.
— Pourquoi tes copains auraient-ils envie d’entendre parler de nous ? demanda Megan en vérifiant l’intérieur du plat. Quelqu’un en veut encore avant que Laura n’avale tout ?
Les yeux de la petite étincelaient.
— Tu rigoles ? C’est trop cool d’avoir des tantes lesbiennes. C’est trop à la mode.
— Alors maintenant je suis une « mode », dit Megan, tout sourire.
— J’ai deux profs qui sont gay, intervint Nate.
— Et comment tu sais ça ? s’enquit Joel.
— Ils en parlent. L’un d’eux n’arrête pas de raconter des anecdotes marrantes sur son mari et lui.
— Et ça ne te pose aucun problème ? demanda Finn en jetant un œil à Joel.
— Pourquoi ça m’en poserait ? C’est un super prof.

— J’attends de vos nouvelles, alors.
Joel le remercia et raccrocha. Il s’assit à la table de la cuisine, et Bramble s’approcha pour poser la truffe sur son genou. Joel caressa sa tête soyeuse.
— Coucou, mon grand, dit-il d’une voix douce. On pourrait bien se créer notre petit nid douillet ici, après tout.
Un foyer où Nate et Laura auront plaisir à venir nous voir quand ils voudront.
C’était grisant, cette conviction que toutes les pièces du puzzle de sa vie étaient en train de s’aligner, qu’il pouvait enfin vivre comme il l’avait rêvé lorsqu’il avait dix-sept ans et qu’il essayait de cacher au reste du monde qu’il avait un petit ami.
Et c’était bien ça, la dernière pièce du puzzle : quelqu’un avec qui partager sa vie.
Quelqu’un à aimer.

Seigneur, comme elle ressemble à Carrie. Laura avait le teint de Carrie, alors que Nate avait hérité de celui de Joel. La jeune fille rayonna lorsqu’elle le vit.
— Papa !
Son regard descendit vers le pas de la porte, comme si elle s’attendait à y trouver Bramble.
Joel lâcha un petit rire.
— Il est à l’intérieur. Si j’ouvre la porte, il va se tirer comme une flèche.
Derrière elle, Nate et Carrie avançaient plus calmement vers eux. Le visage fermé de son fils n’aida en rien à apaiser l’appréhension de Joel. Celui-ci attendit qu’ils soient tous trois devant la porte-moustiquaire pour l’ouvrir et se décaler sur le côté, prêt à rattraper Bramble s’il essayait de se faire la belle.
Aussitôt que Laura fut entrée, le self-control de Bramble disparut et il se jeta sur elle. Laura se mit à genoux et gloussa lorsqu’il lui lécha le visage.
— Ça chatouille.

— C’est l’heure de rentrer.
Il aurait pu jurer que la queue de Bramble s’affaissa. Joel raccourcit la longe et se rendit à l’un des chemins qui remontaient vers la rue. En jetant un dernier regard à l’hôtel, il découvrit qu’il faisait l’objet d’un examen minutieux. L’un des ouvriers s’était redressé et l’observait. D’instinct, Joel leva la main et le salua. Il était assez près pour remarquer le sourire de l’autre. Tandis que l’homme de main lui rendait son geste, de grosses voix se mirent à résonner dans tout le chantier.
Ils l’engueulent peut-être parce qu’il a arrêté de bosser.
Joel ne voulait pas être la raison des ennuis de ce pauvre homme. Il reprit sa route vers Belvidere Avenue, Bramble le tirant comme toujours.

Finn suivit son regard et se figea. Il y avait sur la plage un homme de grande taille qui promenait son magnifique labrador chocolat.
Il ne savait pas pourquoi cet homme en particulier attirait son attention. Finn ne connaissait rien à son sujet, en dehors du fait qu’il adorait son chien, à en juger par la façon dont tous deux agissaient. Quant à l’animal en question, mâle ou femelle, il ne semblait pas être bien vieux : peut-être était-ce sa façon de sauter partout et de gambader ou alors sa tendance à tirer sur sa laisse.
C’est peut-être bien tout simplement que je ne peux pas résister à un gars qui aime les chiens.
Non pas qu’il ait la moindre intention de s’en approcher. Là où il était sûr de lui et confiant avec ses amis et sa famille, sa timidité reprenait le dessus à chaque fois qu’il s’agissait d’inconnus.
Non, il valait mieux qu’il observe l’homme de ses fantasmes de loin et qu’il se le remémore lorsqu’il se retrouvait seul dans son lit.