Germaine Tillion alias Kouri était une résistante, ethnologue de renom et voix de survivante, entrée en mai dernier au Panthéon. Dans ce roman, qui se déroule en 1950, Kouri doit se rendre à l'Est pour témoigner au procès de deux anciennes gardiennes du camp de Ravensbrück où elle était détenue.
Le voyage en train vers cette Ville-aux-Rats réveille des souvenirs, des évènements douloureux, les horreurs vécues au camp, les moments de son enfance et sa vie en Afrique, ses amis et ennemis puis sa chère mère continuellement présente à son esprit; mais se réveille aussi des sentiments contradictoires, choisir entre la vengeance ou la paix, mentir et condamner ou dire la vérité et laisser vaincre l'humanité.
C'est un voyage intérieur où celle qui a survécu vit avec le souvenirs des disparues, au milieu de ce wagon entourée de gens ordinaire mais qui ont chacun une histoire particulière comme ce jeune homme qui tentât de se suicider n'étant plus capable de supporter une vie trop imprégnée par la douleur de la guerre, ce passage du livre est très émouvant Kouri absorbe la souffrance de cet homme pour lui donner les clés de la survie, car accepter sa souffrance et vivre c'est devenir libre.
Le roman insère des réflexions tirées de la biographie de Germine Tillion qui apporte au personnage du roman (bien que non fictif) une dimension plus réelle, il n'y pas vraiment d'action car l'essentiel du roman se déroule dans un compartiment de train, on quitte seulement le wagon pour la terreur des camps; mais on y trouve beaucoup de réflexion, de gravité, il est question de justice face à la sauvagerie de l'homme.
Une lecture éprouvante pour cette période estivale car dans ce récit la légèreté n'est pas de mise, mais éprouvante aussi par sa construction qui alterne un peu trop passé/présent dans le même chapitre. Cela reste toutefois un roman que j'ai apprécié de par le thème de la seconde guerre mondiale que j'aime beaucoup.
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