Découvrez la bande-annonce de l'album Pourquoi y a-t-il des inégalités entre les hommes et les femmes ? de Soledad Bravi et Dorothée Werner, paru aux éditions Rue de Sèvres le 14 février 2018.
On ne devrait pas avoir à parler pour avoir un échange, avait susurré un vieillard à la voix grelottante récemment passé sur le banc de montage de la fille, on ne devrait pas. Mais comment faire autrement? Le langage est notre damnation, il avait ajouté, nous sommes condamnés par les mots, tout ce qui va mal vient de là.
L'enfance est un mirage et l'enfant se souvient de la tienne sous sa peau, jusqu’aux bruits et aux odeurs.
Redresse-toi, bon sang, pense biche, pense elfe, fais quelque chose, bricole-toi un genre de dignité.
Notez que les vrais nécessiteux remercient toujours. Politesse exigée.
Ses escarpins chics, elle les gardait précieusement, comme pas mal d'autres choses pas pratiques de sa garde-robe, des trucs achetés sur un coup de tête, dans les moments où l'on rêve à d'autres vies et qu'au fil du temps on se reproche de n'avoir pas su provoquer.
Comme un siècle auparavant, comme dans des centaines d'années, le vent agite en tous sens l'or sombre des genêts. Vous buvez à la santé du monde, vous trinquez à la grâce et au grand n'importe quoi des Hommes, aux blessures s'évanouissant dans les rafales.
Son amour de la vie est une vieille liaison dont il ne parvient pas à se débarrasser.
Comment vivre désormais ? Dans les conditions ordinaires, ce n'était pas déjà gagné, mais là coincée sous la semelle d'un tel compte à rebours, un flingue braqué sur la tempe ? Comment passer ne serait-ce qu'une heure à avoir l'air normale, dans la vie normale, autour de gens normaux si tant que ça existe, si on exclut que nous somme tous cinglés et assoiffés d'amour, comment continuer sous la menace du pire ?
Et un beau jour, sur le piédestal de ton altruisme, tu vins jusqu'à la classe de l'enfant déverser dans son monde ton bric-à-brac du cul, ton petit foutoir de la bite et de la chatte, ton catéchisme de l'orgasme et toute cette glorieuse liberté sur le tableau noir.
Comme ta mère et avant elle sa propre mère, comme toute la lignée des femmes avant toi, tu avais intégré ton infériorité intrinsèque, ta fragilité organique, ton inaptitude à prétendre plus. Depuis que tu tenais debout, tu connaissais la loi immuable : les garçons courent en hurlant de rire, cassent leurs jouets et disent des gros mots. Les filles sont soigneuses, romantiques et volontiers intimidées.