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Critique de Florent_L


À la recherche d'un roman de fantasy, parcourant les rangées & étagères de la médiathèque dans laquelle j'ai l'habitude d'effectuer mes emprunts de songes et d'évasion, je finis par tomber sur ce roman : Leviathan.
« La perle rare » me dis-je. En effet, le livre présentait une couverture sublime, une quatrième de couverture enthousiasmante, et de magnifiques illustrations au fil des pages. Aucune hésitation : c'était ce qu'il me fallait.


Mais ce que ne savais pas encore, c'est que Leviathan constitue le premier tome d'une trilogie (qui n'a pas réellement de nom, si ce n'est Leviathan Series) imaginée par l'auteur américain Scott Westerfeld, dont ce premier volume est paru en France en 2010. Cet auteur aurait déjà connu le succès par le passé pour sa saga littéraire Uglies, dont j'avoue ne jamais avoir entendu parler avant d'avoir fait mes petites recherches sur lui.
Qu'importe, je suis ici aujourd'hui pour donner mon avis sur Léviathan. Cette oeuvre est dite d'ambiance « steampunk », et pour jeunes adultes (elle a par ailleurs remporté le « prix Locus 2010 du meilleur roman pour jeunes adultes »), mais elle saura aussi séduire tout lecteur en quête d'émerveillement et d'originalité.
En effet, Scott Westerfeld annonce son écrit comme un « roman d'histoire alternatif » : et c'est là que parler de « steampunk » pourrait s'avérer être un erreur, car cet auteur n'a pas choisi de nous plonger dans un monde proche de l'époque victorienne. L'intrigue se déroule... au début de la Première Guerre Mondiale. Une particularité à laquelle je n'avais jamais encore été confronté pour un roman de « fantasy ». D'autant plus que cela ne s'arrête pas à une simple réécriture de l'Histoire : Westerfeld a façonné un univers fantastique et alternatif au nôtre, un point fascinant qui mérite d'être revu en profondeur un peu plus tard.

Laissez-moi tout d'abord vous (re?)-situer les bases : nous suivons, alternativement (deux chapitres sur deux chapitres), les péripéties de deux personnages, nos deux héros. Premièrement, Alek, le fils unique (et inventé) de l'archiduc d'Autriche-Hongrie François Ferdinand, dont l'assassinat – comme vous le savez – est l'un des déclencheurs de la Première Guerre Mondiale. Si le jeune homme est un adolescent talentueux et voué à occuper les plus hautes fonctions de la société, il est obligé de fuir son pays en pleine nuit, car évidement devenu une cible pour les assassins de son père.
L'autre protagoniste répond au nom de Deryn, une anglaise férue d'aéronautique. Or, à cette époque, il est interdit aux femmes de s'engager dans l'aviation. Elle va alors se déguiser en homme, et par le biais de rocambolesques situations, intégrer l'équipage du Léviathan... Un aéronef pas comme les autres. Et alors que ces deux adolescents sont à l'extrême opposé l'un de l'autre, ils seront voués à se croiser... et affronter quelque chose qui les dépasse certainement : la guerre.


En plus du récit, on peut profiter de merveilleuses illustrations, produites par Keith Thompson, venant ponctuer ici et là notre lecture. Un véritable atout pour le roman : en plus du fait que cet illustrateur possède un magnifique coup de crayon, il faut bien avouer que ces estampes nous plongent un peu plus dans le chimérique univers de Leviathan, tout en nous donnant une idée claire et précise de tous les éléments fantastiques dépeints dans les lignes écrites par Scot Westerfeld. Lui-même a avoué que les dessins de son acolyte lui permettaient de mieux visualiser ce qu'il avait imaginé, tout en le poussant encore et encore à innover dans le ravissement.


Ce que j'ai trouvé de véritablement captivant dans ce livre, c'est le monde que va dépeindre l'auteur. Léviathan possède un univers propre, que l'on ne reverra pas ailleurs. Dans cette atmosphère particulière qu'est celle de la Première Guerre Mondiale, il met en scène deux camps qui s 'affrontent : les Darwinistes (France/Angleterre...) et les Clankers (Allemagne, Autriche...). Jusque là, rien d'anormal, c'est fidèle à notre Histoire. Mais ce qui l'est moins, c'est ce que les Hommes ont réussi à inventer. Ainsi, par exemple, les Darwinistes sont devenus maîtres dans l'art de génétique, en témoigne le Léviathan, qui n'est pas un aéronef classique. Il a été façonné à partir de l'ADN d'une baleine, et en prend même l'apparence. A l'intérieur s'est développé aussi un incroyable écosystème, alimenté par des abeilles, et qui permet à la fois au vaisseau de s'auto-alimenter, mais aussi d'alimenter ses passagers ! A cela, je pourrais aussi rajouter que de dangereuses chauve-souris mutantes ont remplacé les canons, et que des lézards dotés du don de la parole ont eux remplacé les pigeons voyageurs... Il est fascinant, mais aussi inquiétant, de découvrir toutes ces créations entreprises par les scientifiques darwinistes (vous comprenez maintenant le nom que l'ont leur donne).
A contrario, les Clankers sont eux spécialisés dans l'élaboration de gigantesques machines destructrices et novatrices. Alex va ainsi se déplacer dans un château ambulant, une sorte de petite ville, aux parois extrêmement résistantes, et aux canons dévastateurs.
Ce ne sont que de courts exemples de la richesse fantasmagorique qui caractérise l'Europe imaginée par Scott Westerfeld, mais il est évident que l'écrivain fait part d'une somptueuse ingéniosité, et excentricité.


A vrai dire, c'est bien l'envie de découvrir, approfondir l'univers qui m'a poussé à continuer le roman. Car, malheureusement, l'intrigue est somme toute très classique. Les fils de l'aventure sont prévisibles, et rares sont les rebondissements : l'histoire reste un peu trop dans les standards de la littérature adolescente, alors que la Première Guerre Mondiale n'est pourtant pas le thème le plus léger qui soit. J'aurais apprécié que l'auteur développe davantage les aspects les plus négatifs de la guerre, et les effets qu'elle peut avoir sur la psychologie des personnes. Peut-être, après tout, ce n'est que le premier tome, et des thématiques plus sombres, plus sérieuses, seront développées pour les prochains livres. de plus, malgré le fait que les événements, les rencontres, les batailles (remarquablement décrites) se succèdent, je ne peux pas effacer de mon esprit un sentiment de « lenteur » dans la narration. Il se peut que je sois trop impatient, mais il y a eu des moments où je souhaitais simplement que l'histoire avance... plus vite.

Le duo des héros est lui aussi dans la veine du « roman ado », mais ils restent deux personnages aussi intéressants qu'attachants. Ainsi, Alex et Deryn proposent deux visions de la guerre : l'un est du camp des Clankers, l'autre des Darwinistes. L'un vit presque un cauchemar, l'autre un rêve éveillé. L'un est obligé de fuir sa patrie, dans le plus grand désarroi, l'autre rejoint l'Air Service britannique, et se bat pour sa patrie... On prend plaisir à suivre les tribulations, parfois heureuses, parfois malheureuses, de ces deux personnages Et leur rencontre, qui n'aurait jamais du se dérouler au vu de leur situation géographique et de leur statut social, est très bien orchestrée. de même, ils en sortiront grandis...
Cependant, je vais émettre ma seconde (et dernière) déception, et celle-ci concerne cette fois-ci les personnages secondaires. A l'exception du Dr. Barlow, fantasque et énigmatique professeur (qui apporte en plus un certain humour au récit), je n'ai pas retrouvé d'autres personnages remarquables. Beaucoup ont trop vite été « expédié », n'apparaissant que quelques scènes, ne permettant pas un développement optimal de leur personnalité et de leur but. Quant à ceux qui sont censés accompagnés nos héros tout au long du tome (le conte Volger, l'amiral), eux aussi ont souvent manqué d'approfondissement. Et un peu de magie aussi, peut-être.


Reste que Léviathan fut une jolie découverte, sans toutefois constituer un coup de coeur. C'est un roman qui se laisse lire aisément, et qui présente de nombreuses originalités véritablement accrocheuses. Et, il faut aussi se dire que ce n'est qu'un premier tome d'une trilogie. Foncièrement, il a posé les fondations de la série, sans les développer à outrance. Il va me falloir découvrir la suite, Béhémot, pour me forger un avis plus juste sur l'oeuvre de Scott Westefeld - et de Keith Thompson - !
Lien : https://latavernedessonges.w..
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