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Critique de Franz


Franz
01 février 2017
La géométrisation du monde flottant.
Attentif au concept de géopoétique qu'il a forgé et enrichi à mesure, Kenneth White s'intéresse à l'artiste japonais aux 93 noms différents et aux 30 000 dessins, estampes et peintures connu aujourd'hui sous le nom de Katsushika Hokusai (1760-1849). Dans la biographie qu'il esquisse, le barde écossais associe dès le titre Hokusai et l'horizon sensible avec l'intention de « dégager l'espace propre à Hokusaï et d'ouvrir des perspectives ». Documenté, incisif et poétique, l'essai de Kenneth White s'ingénie à trouver le mouvement directionnel de l'oeuvre composite et pléthorique d'Hokusai, chercheur, expérimentateur et travailleur insatiables. Atemporelle et universelle, l'oeuvre d'Hokusai est une peinture du monde touchant à l'« esprit de l'univers » selon la formule de Walt Whitman. Si l'entreprise « cosmopoétique » vivante et sensible de Kenneth White dessine en filigrane sa propre geste mentale, elle n'oublie jamais de faire converser l'oeuvre, l'homme et l'espace tout en jouant d'échos, du texte principal aux notes en fin d'ouvrage qui le cimentent et l'augmentent. L'essai brosse la vie au temps de la « Période d'Edo », jetant à grands traits vifs le contexte socioculturel, animant la vie des rues, ce « monde flottant » dans lequel Hokusaï s'inscrit. Sa biographie apparaît par touches, entrelacée au fourmillement intellectuel, économique et social de l'époque. Les milieux du théâtre, de la littérature et de la poésie sont abordés. Ils ne sont pas sans incidence sur l'oeuvre du « vieil homme fou de peinture ». Lucide quant à sa production artistique virtuose et multiple, Hokusai remet sans cesse sur l'établi son ouvrage et finit par réaliser, à plus de soixante-dix ans, une succession de chefs-d'oeuvre produits dans les séries consacrées au mont Fuji (Trente-six et Cent vues, « immense poème cosmographique »), le Fuji incarnant ce mirador à partir duquel, selon Roger Caillois « l'imagination soudain contemple, dévale et s'exalte ». Kenneth White décrit en fin de volume quelques unes des plus célèbres estampes d'Hokusai dont le Fuji rouge et La Grande Vague, oeuvres emblématiques, évidentes et insondables.
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