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Critique de emmalcr


Dans une Amérique esclavagiste, Cora s'échappe de la plantation où elle est née avec Caesar, un autre esclave. Commence pour elle une vie de fugitive. Toujours rattrapée par son ancienne condition, elle va de piège en piège, s'échappant toujours au prix de grands sacrifices.

Entre réalisme magique et fresque historique, Colson Whitehead trace son sillon dans la poussière des chemins sous-terrains de son Underground Railroad. Il n'épargne rien à son lecteur des tortures, de l'angoisse et de l'impossibilité de vivre réellement libre. Car, où qu'elle aille, Cora est prisonnière. Prisonnière de cette Amérique qui se dit égalitaire et libre, mais qui est une cage aux barreaux épais pour les gens de couleurs comme elle.

Son écriture est riche, impactante et précise. Il glisse sur certaines scènes, nous laissant tantôt dans le flou de notre propre imagination, tantôt décrivant en détails les sévices infligés aux corps des hommes et des femmes noirs et à tout ceux qui osent les aider. C'est évident qu'il a pris le temps de faire des recherches très approfondies, on sent l'intelligence de son texte et de sa réflexion sur ce temps sombre, et finalement pas si lointain, de son pays. Il tend à montrer que la fuite n'existe pas, qu'on ne peut échapper à sa couleur de peau. Quelque part, l'histoire de Cora est toujours d'actualité: les africain-américains d'aujourd'hui tentent toujours d'échapper à ces préjugés racistes, un livre terriblement actuel donc.

Mais... mais il y a un bémol. Malgré toute ces qualités il m'a manqué peut-être le plus important: les émotions. J'ai un peu honte de dire qu'en dépit de toutes les horreurs qui arrivent à Cora je suis restée de marbre. Bien sûr que je suis révoltée de l'ignorance et de la cruauté des hommes, mais je ne me sentais pas proche, ou intimement liée à l'héroïne. Elle est restée un personnage symbolique sans substance ou personnalité. Qui était Cora ? Je ne pourrais pas vous le dire car je n'en ai aucune idée. du coup, tout ses malheurs ne m'ont pas touchés personnellement. Surtout que, probablement à dessein, Colson Whitehead nous présente des personnages avant de les faire disparaitrent aussi sec. On ne peut que deviner leur destin, comme Cora. Mais contrairement à elle, on ne ressent pas grand chose (à part pour Caesar, mon chouchou). J'aurais voulu pleurer et avoir mal comme elle, pour le ressentir dans mes os, ne pas en sortir indemne. Je trouve qu'il me manque ça.

En bref, je considère que ce livre a le potentiel pour devenir un classique de la littérature américaine, c'est intelligent, imaginatif, mais il m'a manqué l'aspect intime et émotionnel du roman.
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