AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gerardmuller


Underground Railroad / Colson Whitehead / Prix Pulitzer
L'histoire commence en Géorgie vers 1812, donc bien avant la guerre de Sécession (1861-1865), dans une exploitation qui cultive le coton. Cora, seize ans, abandonnée par sa mère lorsqu'elle était tout enfant, survit comme esclave avec toute la violence que cette servitude comporte. Arrive un jour un nouvel esclave, Caesar, qui l'invite à l'accompagner dans son évasion prochaine pour tenter de rejoindre les États libres du Nord. « Chaque rêve est un rêve d'évasion quand bien même cela ne se voit pas. »
À Randall, la servitude est rythmée par le claquement du fouet et le gémissement de la victime. le sinistre contremaître Connelly annonce : « Nègres, obéissez à toutes choses à vos maîtres dans la crainte du Seigneur. »
Une aventure extraordinaire alors commence, une fuite éperdue vers la Caroline du Sud, puis du Nord, le Tennessee, l'Indiana, en se cachant pour échapper aux chasseurs d'esclaves appelés les patrouilleurs, toujours à l'affut d'une belle récompense. le sinistre Ridgeway dont le regard s'illumine toujours quand il est sur le point d'infliger une cruauté fait partie de cette race cruelle et sans pitié pour qui la traque est un jeu. Un réseau clandestin abolitionniste vient en aide épisodiquement et très localement aux Noirs en fugue pour conquérir leur liberté : c'est l'Underground Railroad qui est une figure de style matérialisée dans ce roman, une allégorie en somme. La couverture d'ailleurs illustre remarquablement cette métaphore.
En même temps qu'un récit hallucinant, ce roman est une réflexion saisissante sur le racisme, ses fondements et ses mécanismes, avec la mise en oeuvre de la stérilisation contrôlée et une forme d'eugénisme. Sans oublier la création d'un musée du Noir évoquant son passé africain et son présent américain, la foule se pressant derrière les vitrines en ricanant et criaillant, les Noirs jouant le rôle étant appelé spécimens, en chair et en os alors que les blancs sont des figurines de plâtre. Il rappelle aussi le rôle des abolitionnistes qui ont perdu la vie ou ont été torturés, parfois les deux, pour avoir aidé des esclaves en fuite.
Que va devenir Cora la fugitive ? Parviendra-t-elle à échapper à tous les pièges tendus par les dénonciateurs et les patrouilleurs pour gagner les États libres du Nord ? Connaîtra-t-elle la liberté et la paix à la ferme Valentine en Indiana ?
Sur la forme, le style reste très factuel, hâtif et journalistique comme un reportage, sans émotion particulière, comme si l'auteur restait en retrait dans une zone d'objectivité. Quant à la chronologie du récit, elle est parfois déconcertante, mais on finit par s'y retrouver malgré quelques longueurs. J'aurais personnellement attendu une fin plus marquante, plus épique, moins brève. Quoi qu'il en soit, le travail de recherche documentaire de l'auteur est remarquable et sa réflexion ne l'est pas moins sur ce racisme systémique qui ronge encore les Etats-Unis dans les régions du Sud. Un roman puissant, une fresque tragique, malgré ses imperfections qui a obtenu le National Book Award 2016 et le Prix Pulitzer.

Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}