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Critique de Chamamiel


"Et l'Amérique est également une illusion, la plus grandiose de toutes. La race blanche croit, croit de tout son coeur, qu'elle a le droit de confisquer la terre. de tuer des Indiens. de faire la guerre. D'asservir ses frères. S'il y avait une justice en ce monde, cette nation ne devrait pas exister, car elle est fondée sur le meurtre, le vol et la cruauté. Et pourtant nous sommes là."


Lecture difficile mais essentielle. Elle relate l'histoire de Cora, esclave dans un champ de coton en Géorgie, qui, comme sa mère des années auparavant, tentera de s'enfuir vers les états du Nord pour y trouver la liberté. Avec son ami Caesar, elle voyagera par le biais du chemin de fer clandestin, "the underground railroad", à travers diverses contrées. La Caroline du Sud puis celle du Nord, le Tenesse puis l'Indiana...

En ces quelques années précédant la guerre de Sécession de 1861, les États-Unis sont divisés en deux: au Nord les abolitionnistes, au Sud les esclavagistes. Ce livre nous montre néanmoins que peu importe la manière, le racisme est présent de bien des manières, en particulier dans les terribles contrées du Sud.
Parfois sous une forme brutale, comme dans les champs de coton où a grandi Cora, parfois sous une forme insidieuse, comme en Caroline du Sud où l'on encourage les femmes noires à se faire stériliser tout en mettant en scène certaines d'entre elles dans des musées historiques, où elles jouent la comédie telles des animaux.

L'enfer des blancs est partout dans ce livre. Et étant blanche et ayant grandi en cette France du 21ième siècle, la barbarie relatée au fil des pages n'en est que plus inimaginable.

C'est un récit historique, brûlant d'empathie et de rage que nous offre Colson Whitehead. Un récit tragique, où la volonté de protéger autrui et l'envie de liberté sont presque à coup sûr récompensées par la mort. La cruauté est légion, elle en devient presque habituelle au fur et à mesures que les lignes s'enchaînent.

Constatation glaçante, puisqu'au final, la fin est ouverte. le voyage continue et avec lui, l'enfer.

Les personnages sont tous marquant, ceux dont le destin tragique enflamme la mémoire de notre héroïne, ceux dont le sadisme dépasse l'entendement (quel personnage que Ridgeway le chasseur! Un maniaque assoiffé de sang, dont l'ombre de la menace plane jusqu'au dernier instant du roman.), ceux dont l'humanité ne peut que nous faire empathir (telle Cora, ni gentille ni méchante, seulement brisée par la vie).

Bref. Un récit humain et terrible. Un indispensable.
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