AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Chestakova


Si la littérature permet de mettre en mots la seule question qui vaille, celle de l'existence humaine, alors les mots de John Edgar Wideman, incontestablement répondent à ce défi.
Avec des histoires courtes, dans un rythme effréné, sans respiration, sans reprendre souffle, pour dire la colère d'une vie déclinée dans l'écho d'autres vies, celles qui tissent la culture afro-américaine aux Etats Unis, mêlée à jamais à celle de l'Empire, dans le triomphe d'une autre couleur.
"Trous Noirs, Espaces Blancs.Trous Blancs, Espaces Noirs. Quelle différence"
John Edgar Wideman, dont le fils vit encore en prison, dont le frère a passé quarante ans derrière les barreaux, nous livre une écriture écorchée, hallucinée, dans un va et vient où se mêlent le récit de soi, le souvenir des autres, la fiction et l'histoire. Le traitement du temps se joue de notre bonne vieille temporalité, comment ne pas faire rappel plus cinglant, à des siècles d'esclavages, qui n'en finissent pas de durer sous d'autres formes.
Ainsi transforme t-il en siècles ces dernières instants avant de sauter du pont de Williamsburg, ainsi évoque t-il dans d'incroyables minutes, sa mère retenant le temps pour conjurer la malédiction du 13 et faire naître son fils après les coups de minuit. Ainsi se joue t-il aussi des formes, les petits morceaux des collages de Romare Bearden , ne prennent-ils pas plus de place que le tableau tout entier?C'est dire sans détours la place que peuvent occuper dans la saga américaine, tous ceux qui ont fracassé leurs vies de noirs américains dans le passé commun: Emmet Till, Nat Turner, John Brown devenu noir...
Je garde du livre, la musique de Sonny Rollins et le cri lancé par l'écrivain à son étudiante (enseigner l'écriture) :
"Prenez le risque de laisser cette jeune femme faire ce que vous ne feriez jamais...Libérez vous, sortez du droit chemin hors des limites de l'histoire" : Des lignes-manifeste, sur une leçon de littérature qui abolit les frontières entre la fiction, le réel, et L Histoire.
Bravo.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}