Un cadeau de la foire du livre (actuellement en vente), un bijou à chérir et à relire. Merci
Tommy Wieringa !
L'histoire
Un mauvais mariage reconnaissable entre un homme ambitieux et une femme alternative. La femme est végétarienne et pense savoir ce qu'est la douleur. C'est en partie le cas, ses relations avec les animaux en témoignent, mais ça ne va pas très loin. Elle est la cause de douleur qu'elle inflige à son mari à cause du fait qu'elle est extrêmement alternative. Elle ne sait pas où se trouve l'amour. Parallèlement aux évolutions de son couple, le personnage principal ne peut donc faire autrement que de mener son propre examen psychologique de la douleur.
Style
« Mauvais mariage », « douleur » « examen de soi psychologique », tout cela semble très lourd, mais c'est tout sauf ça. Pour commencer, le suspense est très bien réglé. On veut savoir comment ça se terminera, avec ce mariage, mais aussi avec cette introspection, cette recherche sur la douleur. La recherche sur la douleur s'approfondit à mesure que le mariage évolue, mais le livre est écrit dans un style toujours sec et humoristique. L'histoire et la recherche sur la douleur sont écrits comme une comédie à l'humour sec.
Pas déprimant
De nombreux lecteurs trouvent ce livre déprimant, sans saisir les possibilités de la fin : l'exploration de la vie réelle qui se présente. C'est pourquoi je donne ici mon avis sur la fin. Si vous n'avez pas encore lu ce livre et que vous voulez le faire, ne lisez pas plus loin, car il y aura des révélations sur la fin.
En quelques pages seulement vient une solution concise à la recherche sur la douleur. Cela arrive au personnage principal malgré lui. Il n'a plus rien sur quoi s'appuyer, pas de religion, pas d'idéologie, pas de réalisations dans la vie. Et soudain, avec cette totale nudité mentale, il retrouve la beauté.
Il voit l'amour d'un enfant innocent, d'un ami silencieux. Il se souvient de l'amour qu'il avait pour une poule quand il était enfant. A propos de la beauté, il découvre une citation: « Il avait oublié à quel point il pouvait faire frais et agréable dehors tôt le matin. Des araignées avaient tissé de petites toiles parmi les brins d'herbe, scintillantes et lourdes de rosée. » Il y a un enfant simple et doux qui l'aime et un homme qui dit "mi casa, tu casa" et qui pourra devenir un ami.
La possibilité d'aimer, de retrouver la pitié, tout comme voir la beauté du matin... que demander de plus à un homme ? Il peut librement explorer le mouvement de la vie sans avoir à tout expliquer comme un pro. Des choses auxquelles il n'avait jamais prêté attention auparavant, il peut désormais en explorer de nouvelles chaque jour. On ne sait pas comment sa vie va se concrétiser plus tard, mais peu importe non plus.
Prévisible
Tommy Wieringa semble avoir prévu que de nombreux lecteurs trouveront le livre déprimant et sans saisir les possibilités offertes par la fin. Ici aussi,
Tommy Wieringa semble faire une analyse psychologique étonnamment précise. Il ne se fait aucune illusion. Dans les dernières pages, où le personnage principal raconte avec émotion à ses élèves son amour pour une poule quand il était jeune, alors qu'il maltraite désormais les animaux "professionnellement" et "pour la science", l'auditorium se vide rapidement. Les étudiants ne veulent pas entendre ce qu'il dit, ils ne peuvent pas l'entendre. Ils s'en fichent. Ils veulent poursuivre leur rêve, leurs ambitions. Ils préfèreraient maltraiter les animaux, avoir une famille sans amour, si cela signifie qu'ils peuvent acheter une villa chic, avoir une belle épouse. Ils veulent la richesse, des enfants et une famille. Même s'il n'y aura pas d'amour dans cette famille, cela ne les dérange pas. Ils ne veulent pas être avertis du désastre qu'ils vont infliger à eux-mêmes et à leur entourage. Ils veulent poursuivre leurs rêves effrayants. L'auditorium se vide. Les étudiants s'éloignent du discours, comme s'ils étaient en fuite.