À l'occasion de la parution en France de son roman "Sainte Rita", le romancier néerlandais Tommy Wieringa nous parle de ses habitudes d'écriture.
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En ce mois d?août 1975, un événement majeur vient troubler la quiétude du village néerlandais de Fagne-Sainte-Marie : un avion s?est écrasé dans le champ de maïs d?Aloïs Krüzen. À son bord, un Russe grièvement blessé. Aloïs s?empresse de le secourir, bouleversant sans le savoir le cours de sa vie et celle de Paul, son fils de huit ans.
Quarante ans plus tard, si le temps semble s?être arrêté dans la vieille ferme des Krüzen, le monde extérieur, lui, ne cesse de changer. Paul partage son quotidien entre son magasin de curiosités militaires, son meilleur ami Hedwiges et Rita, charmante prostituée thaïlandaise. Mais le jour où Hedwiges se fait voler ses économies, l?équilibre est rompu?
Chronique villageoise, roman d?amitié et de filiation, Sainte Rita est une ode à ces hommes ordinaires qui cherchent leur place dans un monde en perpétuel changement.
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En savoir plus sur "Sainte Rita" : https://www.hachette.fr/livre/sainte-rita-9782234085930
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Son père aurait voulu d’autres enfants, plus par mesure de précaution que par amour paternel, « car nous vivons le long d’une route passante ».
Sa mère répondait : « Tu n’as qu’à le mettre au monde toi-même. »
Des bandes organisées. Ils obéissaient à des hommes à l'Est, qui vivaient dans des palais de marbre et conduisaient de grosses voitures. Chez Theo Abbink ils avaient découpé le grillage et volé deux Audi. L'une d'elles n'avaient même pas de moteur.
" Pourquoi tu ne vas pas passer tes vacances en Roumanie, Theo? avait dit un soir Alfons Olliemuller à Abbink." Ta voiture est déjà sur place."
La vie de Laurens Stekking se résumait non pas en une biographie mais en un casier judiciaire.
"Les feuillages s'étaient refermés au- dessus de leurs têtes ;à travers les cimes, une lumière prismatique décochait ses fléches . Il ramait sans bruit.
Là où les avirons disparaissaient dans l'eau, se formaient des remous moirés de noir et d'argent ".
Comme les impôts prélevés par l’Etat sur la farine étaient élevés, les meuniers ajoutaient du sable et des débris à la farine, qui ne pouvait donc être utilisée que pour alimenter le bétail. Mais les gens, aussi pauvres qu’avares, s’en servaient tout de même pour faire du pain, si bien qu’ils contractaient une colique de sable et juraient tellement qu’ils avaient le goulot en feu.
Paul resta terrassé sur le canapé, en proie à un profond chagrin car jamais il ne connaîtrait un plaisir, une satisfaction physique tels que ce qu'il venait de voir. Il pouvait regarder, désirer, mais toucher, ça jamais. C'était réservé à d'autres, et il détestait fondamentalement la vie parce qu'elle l'excluait de ce qu'elle avait de mieux à offrir.
"Vous voyez la saleté du monde, poursuivit Eder. Chaque jour apporte son lot, je suppose... Des faits d'hiver. Le monde en est plein. Des faits divers. La saleté. Vous vous vautrez dedans, c'est votre métier. Mais que faites-vous pour vous purifier de la saleté du monde? Comment vous régénérez-vous ? "
Beg haussa les épaules. " Ce genre de questions.... Mieux vaut peut-être pas les poser.
Au fur et à mesure qu'il vieillit, le sommeil devient de plus en plus souvent un faux frère.
C'était la première fois que l'homme d'Achkhabad constatait qu'un Africain pouvait se réclamer d'une religion établie. Dans le représentation qu'il avait de l'Afrique, les Noirs dansaient pour faire tomber la pluie, Ils adoraient de drôles d'objets. Le Coran, la Bible, le livre des juifs - les Noirs n'y avaient pas part. Et voilà que comme ça, ce nègre embrassait une croix. L'Homme d'Achkhabad avait beau n'être ni chrétien ni musulman, ne pas adorer le feu ni pratiquer le culte des ancêtres, il éprouvait pourtant un profond sentiment de malaise - comme s'il était témoin d'un acte sacrilège. Il lui fallait voir en l’Éthiopien un être humain, alors qu'il l'avait jusqu'ici considéré comme un être inoffensif, qui, à la queue de la caravane, écumait et rongeait les os de lièvre avec encore plus d'acharnement qu'ils ne l'avaient tous faits. p 46
« Il réfléchit à cette question de chasser et d’être chassé .
Tout devait suivre son cours.
Dans la vie des animaux, dans sa vie à lui, Paul Krüzen—-un lièvre plutôt qu’une corneille. Une proie vivante solitaire. Un gibier poltron comme un lièvre ... »