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Critique de OverTheMoonWithBooks


Pourquoi continuer à lire des témoignages de rescapés de la Shoah ? Bonne question ... Ce n'est certes pas pour la nouveauté du propos, car on retombe toujours sur les mêmes événements, les mêmes scènes; de la privation à la sélection, de la faim au froid, des coups à la maladie, de l'incompréhension au désespoir, etc.
Peut-être pas par masochisme ou voyeurisme non plus (du moins on peut l'espérer).

La nouveauté n'est pas dans les faits qu'Elie Wiesel raconte, mais c'est la façon qu'il a de les raconter. A l'inverse de Primo Levi, ce n'est pas le récit d'un homme qui se raccroche à tout ce qui faisait de lui un homme (un être humain, plutôt) dans sa vie d'avant Auschwitz. Ici, c'est le récit d'un adolescent qui s'est construit dans les camps (tour à tour Auschwitz, Gleiwitz et Buchenwald, en passant par la case ghetto) et qui a vu et appris l'essence (et la lie) de la nature humaine dans les camps.
Le fait qu'Elie Wiesel était adolescent au moment de sa déportation détermine le ton de son témoignage.On le voit en rébellion quasi constante contre Dieu, mais même parfois contre son père qu'il l'aura accompagné jusqu'en janvier 1944.
La voix de l'auteur est pleine de haine et de colère, pas seulement contre ses bourreaux mais vis-à-vis de lui-même. Lui aussi se demande les "comment?" et "pourquoi?" il en est arrivé là. Pour lui aussi ces questions seront sans réponse.

Il y a une énorme tension tout au long de ce texte, comme un cri étouffé. Si un mot devait le résumer ce serait l'anéantissement. L'anéantissement de ce ce que le petit Elie avait appris, de tout ceux en quoi il croyait et de tout ceux qui le lui avaient enseigné.
Bien sûr, ce témoignage - comme tous ceux de cette période - est bouleversant, mais il a aussi quelque chose de terrifiant. D'abord car on voit l'ombre du néant planer sur toutes les choses du quotidien (dans les premiers chapitres qui se déroulent avant la déportation), et puis parce qu'en même temps que le narrateur, on se trouve horrifié par cette découverte de la condition humaine n'est la solitude. Les dernières lignes de ce récit cristallisent bien l'effroi de cette découverte.

Un court témoignage très dense qui mérite d'être lu.
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