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Critique de Gruizzli


Kaboul Requiem, de Nicolas Wild, est un opus supplémentaire de l'auteur à propos de ce petit morceau du monde appelée Afghanistan et dont il explore l'histoire et les enjeux.

Nicolas Wild parlait déjà, dans Kaboul Disco, de faire une suite à ces deux opus sur ses années de travail dans un pays très connoté, et cette suite se présente comme le témoignage du journaliste Sean Langan, otage des Talibans en 2008. Comme d'accoutumé, Nicolas Wild explore le récit en commençant par sa rencontre avec le journaliste, puis le récit de celui-ci, entrecoupé de flashback de ses différents voyages en Afghanistan et l'évolution qu'il connut du pays. C'est un témoignage qui a quelques notes étonnantes, notamment dans les conflits intérieurs aux différentes communautés afghanes et talibanes. Comme à chaque fois, derrière les conflits se cachent des multiplicités de visions et de volontés qui se heurtent. Pris au milieu d'enjeux, Sean Langan sera otage par principe, et s'en sortira marqué. En lisant le récit, je me suis fait la réflexion qu'il serait intéressant de le mettre en parallèle du récit de Guy Deslile, S'enfuir, qui parle du même sujet dans un contexte bien différent.
Si je suis généreux avec la note, c'est que Nicolas Wild arrive aussi bien à rajouter de l'humour dans son récit, par des notes amusantes (un pachtoune ne pète pas !) et des situations assez cocasses, lorsqu'on les voit de l'extérieur (rencontrer un mollah puissant alors qu'on est défoncé, par exemple). Mais surtout, il arrive à faire sentir le poids de la captivité, et aussi celui de la situation en constante évolution de l'Afghanistan. Les récits de Nicolas Wild arrivent bien à mettre en lumière la façon dont l'occident intervient dans ce pays, par la guerre et l'acculturation qui ne marche pas (le feu rouge à Kaboul), tout en dénigrant des solutions concrètes que des acteurs sur place veulent réellement installer. Plusieurs séquences montrent notamment les femmes et leur combat pour s'émanciper dans une société extrêmement oppressive envers elle. Et de voir d'ancien Talibans ouvrir une école de conduite pour femme ... Ça surprend, mais ça donne une image de la complexité du propos.

Si le premier tome se finit sur un appel à la suite, je suis impatient de découvrir ce que Nicolas Wild nous concoctera maintenant que son otage est libre. Mais vu ce que l'auteur nous présente et nous pond à chaque volume, je suis très optimiste pour la suite. Nicolas Wild nous offre encore et toujours des précisions sur la complexité du cas Afghan, aujourd'hui relégué à des banales phrases d'un JT lorsqu'on se souvient qu'il existe et que l'actualité lui laisse la place. Ce genre de BD me plait à la fois par son humour, toujours bienvenu, par le traitement de ses sujets, au plus proche, et par l'information qu'elle délivre. A force de me renseigner dessus, je comprends de plus en plus tout ce qui a été joué (et se joue encore) dans l'Afghanistan. L'histoire de ce pays est tragique, jusqu'à aujourd'hui. Et découvrir les dessous est toujours un moyen de comprendre la complexité du monde.
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