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Citations sur La maison du vagabond (16)

... pour Bouvier, voyager n'était pas un divertissement mais un dur labeur. Il n'a pas cheminé à travers le monde pour découvrir ou pour visiter ou encore pour épater par des exploits du type : "voyage autour du monde en mobylette avec un œuf dur cuit par maman", mais pour faire table rase en lui de tout ce que la maison, l'école et la religion lui avait inculqué, pour échapper aux démons de sa maison familiale -- plus c'était loin, mieux c'était. Ces démons le rattrapaient en chemin: une fois dans le ton professoral des speakers de la radio suisse qu'il avait entendu à Prilep, une fois dans les lettres de sa mère -- celle qui lui était parvenue à Ceylan l'avait mis le plus hors de lui, alors qu'il avançait à bout de forces, sa mère lui disait qu'il serait temps qu'il grandisse et qu'il se trouve un travail honnête... Sur la route, il se dépouillait, la route le purifiait ! Tous les mille kilomètres, une "étiquette" se décollait, une autre pointait dessous et encore une jusqu'à ce qu'il débarque à Tabriz nu comme un ver avant que le désert du Balouchistan ne s'ouvre devant lui.
Avec l'âge, il écrivait de moins en moins, il était fasciné par la frontiére du silence, par l'espace entre les mots. Il méditait plus qu'il n'écrivait. p 255
Citation p 254, tirée de Routes et Déroutes :
Entre le voyage et l'écriture il y a un point commun, pour moi c'est très important. Dans les deux cas, il s'agit d'un exercice de disparition (...) Et du fait que l'existence entière est un exercice de disparition, je trouve que tant le voyage que l'écriture sont de très bonnes écoles.
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21 juin
Au loin, à l'horizon, le ciel et la terre se rejoignent en silence. Dans une telle quiétude, on entend chaque mot.
Par la fenêtre, je regarde le trait violacé de l'horizon de l'autre côté de la Grande Baie. Évagre le Pontique écrit que le silence est un art qui consiste à attendre, à veiller et à tendre l'oreille à ce qui se passe autour de nous. Le silence est la voie qui mène vers notre propre intérieur, qui apprend à s'arrêter et à atteindre l'essentiel. Le silence est le liant qui unit notre attitude à nos actes, c'est la plénitude et non pas le vide. Le silence est la conscience de la présence.
C'est peut-être la raison pour laquelle je peux seulement écrire lorsque j'ai l'horizon devant les yeux.
p 62-63
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il répétait... qu'un ami de perdu c'était du temps de gagné.
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... si seulement on pouvait être un impressionniste avec les mots, ce sont justement les impressionnistes qui ont introduit dans la peinture ce regard neuf qui consiste à traduire, ou plutôt à transposer la lumière en couleur. Or, comment transposer la lumière dans la langue pour rendre ce chatoiement, ce frissonnement sur l'eau, ces méduses scintillantes, cette luisante de la toile d'araignée dans les roseaux, ces réverbérations de la lumière sur les pierres humides, cette brillance des feuilles et ces jeux du soleil dans les bouclettes de Martusza ? Les mots ne chatoient pas, ils sont immobiles. Comment écrire avec des mots la lumière de tes cheveux ? p 166
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Un lecteur attentif de mon journal a certainement remarqué que je n'ai jamais été adepte du temps linéaire qu'on mesure avec les aiguilles d'une montre et le calendrier. J'ai préféré tracer des cercles au rythme de la nature, avec les rennes et les oies sauvages. On peut dire qu'en contemplant le temps je contemplais en réalité la nature dans son atemporalité (j'ai dit que nous vivions en dehors du temps). C'est la venue au monde de ma Martusza qui m'a desillé les yeux : j'ai compris que tourner en rond est stérile et ne mène nulle part. En un mot, la venue au monde de ma petite fille chérie m'a permis de m'ouvrir à la contemplation réelle du temps, ni linéaire, ni circulaire, mais notre temps. Car notre temps, c'est le rythme que nous adoptons pour aller vers la mort. Ainsi, soit nous arrivons à comprendre quelque chose sur cette route, soit rien. p 21-22
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L'écrivain français Georges Perec disait que vivre, c'est passer constamment d'un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner. (237)
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... plus on s'est gavé de savoir, moins on voit, car on ne voit alors plus que ce que l'on sait.
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Si tu te réveilles tous les matins au même endroit et que tous les jours tu observes l’aube depuis la même fenêtre, tu finiras par saisir cet instant où l’Onega est en efflorescence et tu te rendras compte de la richesse infinie du rythme monotone .
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Créer (écrire) la vie -- c'est ciseler chacun de ses détails pour qu'il brille plus tard dans la mémoire de ma fille. Notre maison au bord de l'Onega, n'est-elle pas pour Martusza le commencement de son monde ? Ce qui nous entoure ici (la soupe à l'oseille a meilleur goût lorsqu'on la mange avec une cuillère en bois plutôt qu'avec une cuillère en métal, les sifflements d'une faux sont bien plus agréables à l'oreille que le beuglement d'une tondeuse à gazon), le rythme du jour et de la nuit, la vue de nos fenêtres, les odeurs dans l'entrée, les livres sur les étagères, le choix de la musique et les différentes tonalités du silence -- tout cela non seulement contribue à la qualité de notre vie ici mais devient également la mesure de l'avenir. Un jour, Martusza pourra bâtir son monde selon cette mesure, comme je le fais pour construire ma phrase. Si j'écris (je crée) la vie, c'est dans ce sens. p 84-85
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Je préfère vadrouiller tranquillement sur les chemins de mes souvenirs, en suivant la trace de mes lectures ou même dans mes rêves, tout en respirant avec les yeux le monde qui m’entoure. Le monde que j’ai choisi moi-même et que je crée dans une certaine mesure, aussi bien en fauchant l’herbe qu’en écrivant sur lui.
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