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Critique de livr0ns-n0us


Stoner est un roman que j'ai remarqué plusieurs fois en librairie. Malgré la mention accrocheuse "lu, aimé et librement traduit par Anna Gavalda", j'ai l'impression que ce récit est resté assez confidentiel ; j'en ai vu peu de critiques sur Livraddict et sur la blogosphère en général. Ce n'est pas un roman vers lequel je me serais dirigée spontanément car je trouve la couverture assez austère. Je reconnais qu'elle possède un certain charme, et qu'elle est même intrigante (impression renforcée par l'absence de résumé sur la 4° de couverture) mais que voulez-vous, je dois être habituée aux graphismes tapageurs des ouvrages jeunesse !

J'ai décidé pourtant de tenter l'expérience après que ma collègue Isabelle me l'a mis entre les mains avec cette petite phrase : "une lectrice très difficile vient de le rendre, elle l'a trouvé superbe". Sans savoir vraiment dans quoi je m'embarquais, j'ai attaqué la lecture... de prime abord, Stoner m'a fait pensé à Freedom, de Jonathan Franzen. J'ai en effet trouvé que ces deux récits présentaient plusieurs similarités (bien qu'ils soient au final très différents) : une chronique américaine de vie(s) envolée(s), les regrets, la tristesse et la mélancolie... Comme Freedom, Stoner est marquée par une certaine lenteur ; les descriptions y tiennent une place très importante, qui pourra en décourager plus d'un. J'ai trouvé en revanche la plume de John Williams beaucoup moins lourde que celle de Jonathan Franzen, à qui j'avais déjà reproché la longueur épuisante de son récit.

Plus j'avançais dans la lecture, et plus j'étais frappée par l'incroyable banalité de la vie de William Stoner. Comprenez bien que je dis cela sans une once de reproche, je ne me suis pas ennuyée un seul instant. Mâtiné de satire sociale et d'ode à la littérature, Stoner est avant tout le récit du temps qui passe, de la vie qui s'écoule. Loin d'être complètement ratée, celle de Stoner déroule néanmoins son cortège de petites erreurs, d'actes manqués, de volontés étouffées et de paroles regrettées. Cette existence est bien marquée par quelques coups d'éclat, que le narrateur chérit mais qu'il est incapable de maîtriser. Spectateur de sa propre existence, il s'y noie peu à peu, regarde sa jeunesse s'en aller avec une acuité terrible. Car voilà la vraie malédiction de ce paysan devenu enseignant : il est parfaitement lucide, y compris dans ses derniers instants, et est donc à même de saisir toute la cruelle l'ironie de son triste sort.

John Willams signe avec pudeur, style, inexorabilité et habileté un roman à la fois triste et beau, empli de la conscience du temps qui passe et de l'urgence de vivre. On ferme Stoner le coeur serré, profondément ému, plein d'une énergie renouvelée pour croquer la vie à pleine dent.

Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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