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Critique de Ingannmic


Tout le monde -du moins le monde de ma génération...- connait Tennessee Williams, ne serait-ce que grâce au titre de notre défunt grand (1m82) chanteur national (à condition de n'avoir pas cru qu'il y était question de l'Etat américain célèbre pour sa musique country) ou aux films tirés de ses oeuvres... Moi aussi, je le "connaissais", sauf que je n'avais lu aucun de ses textes, et, qu'en raison d'une de ces nombreuses lacunes dont on s'explique difficilement les causes, je n'ai jamais vu non plus les adaptations cinématographiques de ses textes les plus célèbres. Aussi, j'ai profité du thème proposé ce jour par Titine dans le cadre du Mois Américain ("un classique de la littérature américaine") pour sortir de mes étagères l'anthologie dénichée en bouquinerie il y a quelques mois, regroupant l'ensemble de ses écrits, et décidé de commencer par les deux plus illustres.

Et ça m'a rudement plu ! Je crois que je n'imaginais pas des textes aussi féroces, aussi intenses...

"Un tramway nommé Désir" nous emmène dans le petit logement décrépit d'un quartier populaire de la Nouvelle-Orléans, où vivent modestement Stella et Stanley Kowalski. le couple attend un enfant, et malgré les accès de brutalité de Stanley, uni par un amour réciproque, il a trouvé un certain équilibre, que vient bouleverser l'arrivée de Blanche DuBois, la soeur de Stella. Blanche est porteuse d'une mauvaise nouvelle : la perte du domaine de Belle Rêve, dernier vestige de leur fortune familiale. Elle en impute la responsabilité à une mauvaise gestion dont elle se considère comme la principale victime, mais ses goûts de luxe laissent soupçonner qu'elle n'est pas étrangère à la dilapidation du patrimoine familial.

L'affrontement entre Blanche et Stanley, individualités qu'opposent leurs personnalités comme leurs milieux sociaux, est immédiat. Incarnation de la beauté virile, machiste et rustre, d'une brutalité frontale, Stanley ne supporte pas la fragilité plaintive et la prétention aristocrate de sa belle-soeur, et a tôt fait de déceler les failles que dissimule son attitude tantôt méprisante, tantôt faussement cajoleuse... Il s'applique, à sa manière directe, à mettre au jour ses mensonges.
Face à ce bras-de-fer dont sa soeur ne peut sortir que perdante, Stella compose, temporise, pas vraiment consciente de son enjeu. le désir inconscient et haineux provoqué par la tension à peine soutenable qui s'installe et la présence permanente de Blanche, exacerbe les pulsions violentes de Stanley, et révèle l'ampleur de la démence de sa vulnérable belle-soeur...

Le format théâtral, avec la promiscuité et l'enfermement qu'il induit, sa mise en valeur des interactions humaines, convient idéalement à l'intensité du combat que se livrent les deux héros. Et si les didascalies, lues, ont une résonance certes plus limitée que lorsqu'elles sont mises en scène, elles permettent tout de même d'appréhender l'atmosphère de délabrement, de chaleur moite, de mélancolie symbolisée par le "piano triste" qui se fait entendre avec une insistante régularité...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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