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sur 513 notes
MALAISE
C'est le premier mot qui me vient à l'esprit lorsque je referme Un tramway nommé Désir. Un malaise car on sait que Blanche n'est pas toute blanche, mais…

Mais l'on sait également qu'elle a eu à subir, et à subir beaucoup. Alors, son truc à elle, c'est de se bâtir un monde qui convient mieux à ses attentes. Bien sûr, elle fait quelques entorses à la réalité parfois, même, de très grosses entorses… Bon d'accord, elle est complètement mytho…

Mais à sa façon, elle est sincère. Elle ment sa vie juste pour la rendre vivable. Et, de mensonge en mensonge, de sparadrap en sparadrap pour colmater les plaies de l'existence, celle-ci n'est plus qu'un immense pansement. Elle vit dans son imaginaire.

Oui, mais le problème, c'est que dès lors qu'elle débarque chez sa jeune soeur Stella à la Nouvelle-Orléans, son très pragmatique beau-frère, Stanley aura tôt fait de faire tomber les masques et de dépendre le décor.

Lui est explosif, macho, terre à terre face à elle, romantique, éthérée (éthylique même parfois), pleine de rêves de petite fille. Leur relation tourne vite à la confrontation. Au milieu d'eux, Stella fait le tampon tandis qu'elle est enceinte.

Je n'ai pas à en dire davantage, sans doute en ai-je déjà trop dit. Difficile d'évoquer cette grande pièce de Tennessee Williams sans faire référence au film d'Elia Kazan qui en est issu, lequel réalisateur avait déjà créé la pièce quelque années auparavant.

Difficile, lorsqu'on a vu le film d'imaginer Stanley autrement que sous les traits de Marlon Brando qui, sincèrement, crève l'écran et efface même la pourtant exceptionnelle Vivian Leigh. La légende Brando est née ici, par cette pièce d'abord (rôle qui l'a révélé au théâtre) puis par le film (rôle qui l'a révélé au cinéma). J'imagine combien cela doit être difficile pour les acteurs à présent de reprendre ce rôle mythique après le grand Marlon.

On connaît par ailleurs la polémique que suscita le gain de l'Oscar de la meilleure actrice par Vivian Leigh tellement son appropriation du rôle de Blanche semble une simple mise à l'écran des propres désordres psychiques et non tant une géniale performance d'actrice. Je vous laisse en juger par vous-même.

Bon, bon, bon, mais fi des potins autour d'un film, car c'est le texte de Tennessee Williams et la tension narrative créée qui doit nous intéresser ici. Oui, effectivement, il le revendiquait mais c'est vrai, il y a vraiment un parfum de Tchékhov là-dedans. Tchékhov, le maître incontesté des ambiances de plomb entre personnes qui se détestent enfermées dans une même pièce.

Et ici, comme si l'ambiance de plomb, au sens métaphorique ne suffisait pas, l'auteur y adjoint l'ambiance de plomb au sens littéral, c'est-à-dire physique, la chaleur, la moiteur, la transpiration dans cette Nouvelle-Orléans de fin d'été, dans cette ambiance de délabrement propre à cette ville, jadis florissante.

Tout le sud croulant des États-Unis, admirablement rendu par William Faulkner se retrouve ici, dans la baraque de Stella et Stanley. Mais ce n'est pas tout, il y a ce titre, cette animalité contenue dans le titre et qui transpire, elle aussi de la pièce, le désir, sous toutes ses formes, le désir de Mitch, le désir de Stella, le désir de Stanley ou le désir de Blanche.

Sans oublier votre désir, j'espère, je venir goûter à cette pièce. Une pièce qui met mal à l'aise car elle aborde encore bien d'autres aspects que la faible recension que j'en ai faite, les abus subis par les personnes souffrant de désordres psychiatriques, le rejet des homosexuels et de ceux qui les ont côtoyés, etc., etc. En outre, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : Je soupçonne — sans preuve aucune, juste à l'intuition — que le sulfureux refrain « Voulez-vous coucher avec moi, ce soir » du sulfureux titre de Christina Aguilera pour le film Moulin Rouge soit un clin d'œil à peine déguisé à l'une des répliques de Blanche, où elle prononce en français précisément cette même réplique à Mitch qui, n'étant pas francophone, ne comprend pas, évidemment.
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Nouvelle-Orléans, quartier français. Un soir, Blanche Dubois arrive chez sa soeur, Stella, et son beau-frère, Stanley Kowalsky. La jeune femme ne peut se résoudre à la pauvreté du couple et ne cesse de rappeler la richesse qu'elle a connue. Blanche est une femme très sensible, tout en nerfs. « Il faut que je sois avec quelqu'un, je ne peux pas rester seule… parce que comme tu t'en es aperçue, je ne vais pas très bien. » (p. 30) Immédiatement, Stanley prend sa belle-soeur en grippe : il ne succombe pas à ses manières et ne supporte pas ses prétentions aristocratiques. « de la féérie ! C'est ce que je cherche à donner aux autres ! Je veux enjoliver les choses. Je ne dis pas la vérité, je dis ce que devrait être la vérité ! Que je sois damnée si c'est un péché ! » (p. 180) Et surtout, Stanley ne croit pas à son histoire. Il se renseigne et finit par découvrir le honteux secret de Blanche, qui n'est blanche que de nom.

Stanley est clairement une brute sans raffinement et tout dans sa nature s'oppose à la fragilité nerveuse et inquiète de Blanche. La rencontre entre un esprit malade et un esprit brutal ne peut qu'être âpre et violente. Blanche ne supporte pas les attaques et les contrariétés et Stanley ne supporte pas les méandres tortueux du comportement de sa belle-soeur. Tout les oppose, indéniablement, mais la tension sensuelle est palpable, voire épaisse. Blanche a beau crier son dégoût pour la brute que sa soeur a épousé, Stanley a beau se moquer des chichis de sa belle-soeur, quelque chose ne peut que s'enflammer entre eux, qu'ils le veuillent ou non.

Une fois n'est pas coutume, j'ai découvert le livre grâce au film. Marlon Brando beuglant sa rage et hurlant le nom de sa femme, ça m'a fait un petit quelque chose la première fois que je l'ai entendu ! Et l'acteur sait parfaitement magnifier un t-shirt blanc… La pièce de Tennessee Williams est superbe, mais les didascalies ont fini par m'épuiser. L'auteur a une idée très claire de son texte et de la mise en scène qu'il veut. Mais l'abondance d'indications scéniques m'a lassée puisque les dialogues y sont presque noyés. Ici se pose donc une question récurrente quand on parle de théâtre : un texte théâtral est-il fait pour être lu ou pour être vu ? Je me garde bien d'y répondre et ne peux que vous inviter à lire le texte et à voir le film de 1951.
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Sourd malaise en ressortant de ce huit-clos moite, torride et étouffant, et c'est presque avec soulagement que l'on sent l'atmosphère s'alléger quand les médecins emportent la déglinguissime Blanche vers l'asile.

Ce malaise, Blanche l'avait d'emblée installé dès son arrivée dans le petit appartement miteux que sa soeur partage avec son mari dans le quartier français de la Nouvelle Orléans. Elle vient déranger l'ordonnancement brut et sensuel de ces deux-là : Evanescente, exaltée et capricieuse, elle envahit l'espace de ses malles, de ses crises et de ses mensonges. Des mensonges auxquels Stanley le mari ne croit pas ; il prend en grippe cette femme mythomane enfermée dans ses illusions de grandeur façon Scarlett O'Hara et ses dérisoires tentatives de manipulation. Entre eux, la tension électrique qui monte inexorablement ne peut qu'exploser…

La sexualité animale mâtiné de folie de ce drame sudiste exhale à chaque réplique, exacerbée par l'exiguité des lieux et les nombreuses (presque trop dans la mesure où elles ont un peu gêné ma lecture) indications scéniques de mouvements et de lumières.

Vite, revoir le film !
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Ce qui est vrai pour toutes les pièces, à savoir qu'il vaut bien mieux les voir que les lire, est sans doute particulièrement souhaitable pour "Un tramway nommé désir" tant Tennessee Williams donne en didascalies de longs détails sur les nombreux mouvements des acteurs. C'est bien sûr avec l'œil du metteur en scène que le dramaturge brosse ses scènes ce qui donne sur les planches un rendu énergique mais qui, sur les pages, alourdit le texte et plombe quelque peu le rythme.

Cet aspect pratique mis à part reste une belle oeuvre dont les personnages forts ne peuvent laisser le lecteur/spectateur indifférent. "Mensonges, sexe et trahison" aurait été un titre moins subtil et moins énigmatique mais aurait tout aussi bien transcrit les douloureux thèmes de la pièce.

Blanche, Stella, Stanley et Mitch, pour ne citer que les rôles principaux, évoluent dans plusieurs espaces, du plus privé - la salle de bains - au plus public - la rue. La différence de classe sociale entre les femmes et les hommes, la dissimulation de Blanche, la mesquinerie de Stanley, la naïveté de Stella et la veulerie de Mitch composent un cocktail amer à avaler, et pourtant addictif.

Il me tarde désormais de découvrir l'adaptation cinématographique d'Elia Kazan avec la superbe Vivien Leigh et le beau ténébreux Marlon Brando dans les rôles clefs.


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Un tramway nommé désir : tout un programme, toute une promesse. Une oeuvre que je m étais promis de découvrir tant ke trouvais le titre sublime.
Je n ai pas été déçue mais je n ai pas non plus eu le coup de coeur. Je pense que les disdascalies à rallonge de l auteur ont gêné ma lecture. J avais hâte de lire les dialogues et j en arrivais à perdre le fil.
L histoire est troublante, bouleversante. Ayant pour cadre un quartier français de la nouvelle Orléans on y découvre Stella et son mari Stanley vivant dans un appart sordide. La soeur de Stella , Blanche, les rejoint. Tout de suite , une tension s installé entre Blanche et Stanley que tout oppose.
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Un Tramway nommé Désir, Blanche DuBois : un titre et un personnage gravés dans le marbre de la littérature américaine du 20ème siècle et à raison !

Une fois n'est pas coutume avec Tennesse Williams : direction les illusions perdues avec un dur retour à la réalité.
Ici la rencontre entre Blanche, la Belle sudiste névrosée, et le lubrique, manipulateur et sanguin Stanley Kowalski fait des étincelles et le tout dans un lieu mystifié pour son mystère, son ambiance festive (parfois un brin dans la débauche quand ce n'est pas le voudou) : la Nouvelle-Orléans.
Les espaces ont dans cette pièce une très fortes symboliques et font appel à bien des mythes américains (le Sud, le Texas, la Nouvelle-Orléans et le vieux Contient) et font écho à toutes les déceptions et illusions qui ont forgées ou brisées les personnages.

Ce qui distingue cette pièce des autres pièces de l'auteur, c'est que nulle part ailleurs il n'a si bien décrit l'amour et les amants toxiques et son emprise. le lecteur est donc pris dans ce tourbillon autant que les personnages grâce au travail d'écriture et de mise en scène du dramaturge - les indications sur la musique, la lumière dans les didascalies y contibuent beaucoup.

Mais que ce soit d'amour, de gloire, de beauté ou de bonheur : n'est-on pas tous prisonnier de nos illusions ?

C'est sûr, les relations amoureuses chez Tennesse Williams ne font pas rêver - loin de là ! Les rôles féminins/masculins sont très stéréotypés, mais qu'importe. L'universalité des thématiques que sont la fragilité humaine et les rêves qui nous contruisent ou nous détruisent - suffit à nous toucher.
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- Un tramway nommé désir - est devenu un classique. Comme il est agréable de lire et relire - Hamlet -, - La mouette -, - La cantatrice chauve -, - Les mains sales - ou - Ce soir on improvise -, je ne me lasse pas de retrouver " Blanche, Stanley, Stella et Mitch " dans ce drame où affleurent en permanence les thèmes récurrents dans l'oeuvre de Tennessee Williams : la nostalgie de l'enfance perdue, les rapports à la soeur, la folie, la sensualité, l'homo-sexualité, l'alcool... sans oublier l'omniprésence du thème "animal" etc. Dans cette pièce, qui m'émeut toujours autant, viennent s'ajouter l'opposition de classes et la quête de l'inaccessible étoile.
Difficile par ailleurs de lire ce classique du théâtre sans que ne viennent s'incruster dans notre esprit l'inoubliable casting de Kazan... je ne cite pas les noms de qui vous savez... à dessein.
Un incontournable à relire ( et à revoir) ou à découvrir !
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Dans la chaleur moite de la Nouvelle-Orléans, Blanche, un personnage excentrique mais perdu, se rend chez sa soeur et son beau-frère avec qui l'entente ne sera pas au rendez-vous, leur relation se developpant entre haine et violence, sentiments qu'accompagne une musique de fond en accord, sans cesse présente.

Je ressors de cette lecture complètement chamboulée. N'ayant jamais vu le film (ce que je compte changer rapidement), j'avoue que ce n'est pas du tout le type d'histoire ou de sujet auquel je m'attendais. La frivolité et l'excentricité de Blanche qui agace dans un premier temps fini par être remplacé par de la pitié, et la brutalité de Stanley laisse par moments entrevoir une vraie tendresse et surtout un grand amour pour sa femme. Entre les deux, Stella, déchirée par l'amour qu'elle leur porte.
Je confirme le sentiment de malaise qui nous envahi à la fin de la pièce, on ne sait plus trop quoi ressentir pour chacun d'entre eux, c'est dur et malsain, pour les personnages et pour nous lecteurs.

L'écriture a aussi certainement joué un grand role car une fois ouvert, je n'ai pas pu le lacher. Je n'ai pas été dérangée par les descriptions qui je trouve permettaient de parfaitement s'imaginer la scène, le cadre, les sons voire les odeurs, je les ai trouvées particulièrement immersives.

Je pense que je tiens là un autre coup de coeur pour cette année 2019, encore une fois pour un livre que je n'imaginais pas voir atteindre de si hautes marches dans mon coeur de lectrice.

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Quelle peste cette Blanche Dubois! C'est une nana de la pire espèce, transmettant son malheur à tout le monde qu'elle rencontre. Pourtant, celle dont l'avenir paraissait prometteur, une famille aisée, un bon métier (enseignante), un mari,... a vu tout à coup sa vie s'écrouler comme un château de cartes.
Tout n'est pas de sa faute, certes, mais quand même, Blanche a une fâcheuse tendance à la jalousie et à la manipulation. Et à force de mentir, elle finit par se trouver dos au mur.
Et c'est là qu'on la trouve, au début de la pièce, arrivant comme un volcan chez Stanley Kowalsky, l'ami de sa soeur Stella à la Nouvelle Orléans.
Et quelle surprise ce fut pour Blanche d'arriver dans cet appartement glauque, elle qui avait l'habitude de lieux plus fastueux. Et que d'inquiétude de voir sa soeur, enceinte, vivre avec pareil type, tout juste débarqué en Amérique, violent et vulgaire à souhait.
Dans cette vie où Stella a trouvé un relatif équilibre, grâce à son amour immodéré pour Stanley, Blanche va arriver ici comme dans un jeu de quilles.
Cette pièce de théâtre, bien connue pour son interprétation au cinéma, n'est pas toujours aisée à lire (au vu des nombreuses didascalies) , mais elle apporte sa quantité d'émotions.
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Moiteur de la Nouvelle Orléans, intrigue et confrontation... Un grand classique de Tennessee Williams et du théâtre américain.
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