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Critique de Le_chien_critique


Qui n'a jamais rêvé d'aller voir "ce connard de Temps pour lui balancer un bon coup de pied dans les bijoux de famille."
Et vous, que feriez vous si vous aviez la possibilité de vivre dans le passé à l'avenir gravé dans le marbre plutôt que dans le présent et son avenir incertain ?

Tom Winter a une vie qui tourne à l'aigre : sa femme gauchiste l'a quitté car elle reprochait à son ingénieur de mari d'être à la solde du grand capital et de l'armement; il vient de perdre son travail (son ex avait raison !) Résultat : il a noyé sa tristesse dans l'alcool. le tout pour revenir dans la ville de son enfance, tiré par un frère au conformisme ancré dans la peau. Bref, un retour la queue entre les jambes et un avenir qui s'annonce tout sauf rose. Mais...

En quelques lignes, Tom Winter nous est proche, nous marchons à ses côtés, traversons les mêmes déboires. Wilson est reconnu pour la caractérisation de ses personnages, ce roman le prouve une nouvelle fois.

Souvent, voyage dans le temps rime avec paradoxe, l'auteur botte en touche ici avec son tunnel temporel, son propos n'est pas d'apporter une énième pierre à l'édifice des paradoxes temporels, mais de s'interroger sur la notion de passé, de présent et d'avenir. Comme dans son dernier roman La cité du futur, le passé n'est pas tout rose, pas de c'était mieux avant.
"Non pas la porte du paradis. Trente ans dans le passé. Ils ont la Bombe. Ne l'oublie pas. Ils ont la pollution industrielle. Ils ont le racisme, l'ignorance, le crime, la faim… "
L'avenir du passé est juste certain, alors que l'avenir du présent est incertain. le passé, c'est "un abri dans la tempête". Une morale assez résignée au final sur le temps qui passe.

Sur la thématique du temps, c'est du tout bon, mais l'auteur nous enrobe le tout dans un thriller temporel de bonne tenue. Les hommes du futur lointain sont fidèles à l'imagerie wilsonienne : décidément, l'homme est trop "mal foutu" pour voyager dans l'espace ou dans l'espace temps, à l'inverse des robots.
Quand à l'avenir d'ici quelques dizaines d'années, il n'est guère reluisant. L'homme a réussi à flinguer le climat de la terre et passe son temps à jouer à la guerre avec des soldats-cobayes. En bref, "ils avaient dansé avec beaucoup de classe au bord du gouffre."
Tout cela n'est guère très joyeux dans le fond, pour preuve cet extrait
"Au cinéma, les radiations produisaient des insectes énormes, tandis qu'au voisinage des piles atomiques défectueuses, elles provoquaient surtout cancers et leucémies… la différence entre l'Art et la Vie"

Mais l'auteur a décidé de jouer la note de l'humour. Tant à nous amener dans les années 60, autant jouer avec la culture SF de l'époque : des pistolets lasers "soldat de l'espace"; le soldat déserteur temporel ressemble étrangement aux pulps. J'ai trouvé ce roman assez drôle, une sorte d'hommage à la littérature populaire de genre comme le confirme les couvertures originales. Il y a même quelques détours dans l'horreur (ah la cabane dans les bois) et dans la quatrième dimension avec une télé qui communique.

De l'action, du divertissement et de la réflexion, un roman plaisir que j'ai beaucoup apprécié.
Il semblerait que ce roman soit un "hommage" au roman Au carrefour des étoiles de Clifford D. Simak.
Et rassurez-vous, Wilson n'écrit pas de blockbuster américain, il nous épargne donc la guimauve : Tom Winter ne va pas passer son temps à reconquérir son ex. Cool !
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