Citations sur À travers temps (13)
Mais on a fait quelque chose d’extraordinaire, non, Tom ? On a fait une grande balade dans le passé. Imagine ça. J’ai marché dans ces rues, en 1962, bon Dieu, j’entrais à l’école maternelle de Pine Balm ! Hé, Tom, tu sais ce qu’on a fait ? On est allés tout droit voir ce connard de Temps pour lui balancer un bon coup de pied dans les bijoux de famille. »
Tom ouvrit la moustiquaire et retrouva la chaleur de la cuisine. « Espérons qu’il ne nous rendra pas la pareille. »
La seule manière de posséder le passé est de le respecter... de ne pas le transformer en quelque chose de désuet, de risible, de pastel ou d'aigre-doux.
C'est partout pareil, en 1962, 1862 ou 2062. Le monde est jonché jusqu'au dernier mètre carré d'ossements et d'espoirs.
Le voyageur temporel ne tarderait pas à devoir affronter la nécessité de sa propre mort.
Ben dit que la seule manière de posséder le passé est de le respecter… de ne pas le transformer en quelque chose de désuet, de risible, de pastel ou d’aigre-doux. C’est un endroit réel où vivent des personnes réelles. Et l’avenir est réel parce que nous le construisons à partir d’heures et de jours réels. »
Pas de monde en dehors du monde, se dit Tom.
Pas d’Éden, pas d’Utopie, seulement ce qu’on peut toucher et le fait de le toucher.
L'hybridation de l'homme et de la machine représentait le futur de l'humanité, mais Ben avait devant lui une mutation stérile : un parasitisme mutuel imposé de l'extérieur. L'armure n'était pas une amélioration, rien qu'une prothèse cruelle.
Tom laissa la vaiselle sale dans l'évier. Sur le seuil, il s'arreta et se retourna vers la maison vide.
Si vous voulez nettoyer, allez-y.
Pas de réponse.
Oh, bon.
Billy ne connaissait pas grand-chose en histoire.
Après son recrutement, quand il s’ennuyait au camp d’entraînement, il s’emparait parfois des romans populaires que lisaient ses camarades… des romans historiques illustrés portant sur l’extravagant vingtième siècle. Ils plaisaient à Billy. On y trouvait toujours une morale peu équivoque sur les péchés de gloutonnerie et d’orgueil, mais Billy sentait bien que les auteurs prenaient autant de plaisir lubrique à écrire ces histoires que lui à les lire. Certains de ces livres avaient été interdits en Californie parce qu’ils décrivaient sans fard des magnats forestiers qui brûlaient des arbres ou des politiciens cupides en train de parcourir le monde à bord d’avions à essence. En tant que conscrit, Billy savourait la promiscuité de ses ancêtres. Il trouvait qu’ils avaient dansé avec beaucoup de classe au bord du gouffre.
Qu’était le temps, après tout, sinon une marche pesante depuis les alentours de la jeunesse jusque dans le pays de la tombe ? Le temps était la force qui réduisait le granit en miettes, dévorait la mémoire et attirait les petits enfants dans la sénilité, le tout avec l’implacabilité d’un juge sans merci et la poésie d’un char d’assaut.
Comme toujours, l’exubérance et l’extravagance du vingtième siècle le surprirent. Toutes ces lumières ! Des néons colorés, des ampoules à incandescence qui brillaient, tout cela alimenté, avait-il appris, par des barrages mécaniques sur des rivières à des centaines de kilomètres de là. Et si étonnant que cela paraisse, la plupart de ces lumières servaient à la publicité.