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Critique de Lucilou


Je suis entrée dans la bibliographie de Martin Winckler par "Les Trois Médecins", génialissime réécriture de la Bible, à savoir "Les Trois Mousquetaires" dans ma religion.
"Les Trois Médecins", je les ai lus et relus; je les relirai encore avec la même voracité et pour ce chef d'oeuvre qui a bercé mon adolescence et mon entrée dans l'âge adulte, je serai éternellement reconnaissante envers Martin Winckler...
Étrangement pourtant, après la découverte des aventures du jeune Bruno et de ses trois comparses, je ne me suis pas jetée -comme je le fais souvent- sur la bibliographie de l'auteur. J'ai trop aimé mes Mousquetaires en médecine je crois pour avoir envie de découvrir "La Maladie de Sachs" (et celui-là pourtant...) ou "Le Choeur des Femmes"...
"Abraham et fils" furent une occasion, presque un accident de librairie que je ne regrette pas car si je n'ai pas aimé cet ouvrage comme j'aime "Les Trois Médecins" (c'était impossible), je l'ai aimé tout de même et trouvé infiniment touchant.

"Abraham et fils" ce sont les années soixante qui se relèvent difficilement de la Guerre d'Algérie, les illustrés dont mes oncles me parlent encore avec des yeux d'enfant. C'est une forme de nostalgie douce-amère qui ressemble à celle qui nous étreint quand on découvre dans une boîte et le grenier de la maison de nos grands-parents des photos jaunies, ces photos d'une époque que l'on n'a pas connu mais qu'on regrette étrangement...
C'est le quotidien dans ces années-là d'une petite ville de Province ronronnante comme il devait en avoir des centaines.
Ce sont des personnages attachants, bien campés qui n'ont peut-être pas autant de couleurs que dans "Les Trois Médecins" mais qui demeurent bien vivants.

C'est un père et son fils. L'amour et les tourments du premier, l'enfance du second.
Ce sont les grincements et les secrets d'une vieille maison.
Avec moi, ces thèmes font (presque) toujours mouche.

C'est -enfin- une narration qui dédouble les angles et les points de vue, la voix de l'enfant en écho à celle -plus mystérieuse- de la vieille bâtisse qui donne à ce texte, mélange de roman d'apprentissage et de chronique familiale douce-amère, une douceur inédite malgré les blessures, les silences et le secret.

Oui, "Abraham et fils" est un roman un peu gentillet, un peu ronronnant qui réunit les ingrédients d'un film à la Jean Becker, façon "Les enfants du Marais", mais moi, ce film je l'adore justement.
Et puis, on y retrouve l'humanité lumineuse de son auteur, en tant qu'écrivain bien sûr, en tant que médecin aussi, en tant qu'homme sans doute.
Et franchement, un peu de tendresse ne peut pas faire de mal. Moins en tout cas que certaines longueurs qui m'ont un peu chagrinée, notamment dans les chapitres contés par la voix de Franz qui se répète un peu. Mais le petit n'a que neuf ans et demi... On peut lui pardonner.
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