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Critique de MarjorieD


Quand, j'ai commencé ma lecture, j'étais plus qu'enthousiaste et je dois dire que j'ai dévoré cet ouvrage. Au début, j'adhérais totalement aux propos et puis, progressivement, mon esprit critique s'est mis en alerte.

Le choeur des femmes est avant tout un sincère et vibrant plaidoyer pour une médecine tout simplement humaine, qui respecterait le patient dans son intégrité physique et morale, sans le juger, l'infantiliser ou le mépriser, voire le maltraiter. Et qui éviterait tant que possible la souffrance. Une médecine dont les praticiens seraient, avant d'être docteurs, des soignants. Utopie ? Non, nous dit Martin Winckler, mais il y a du travail à faire, tant du côté du corps médical que de celui des patients que nous sommes tous. C'est l'un des mérites de ce livre : nous faire prendre conscience du respect qui nous est dû, à chacun(e) d'entre-nous et de nous informer des pratiques qui ont cours chez nous et dans d'autres pays, des alternatives possibles et déjà mises en place.

Un autre aspect du livre qui m'a intéressée, c'est le parti pris de l'auteur de centrer son propos dans le cadre d'un service de gynécologie. Par ce biais, il aborde le sujet de l'anatomie féminine et, par conséquent, de la sexualité. Car quoi qu'on en dise ou lise, et bien que nous soyons tous concernés par le sujet, qu'on ne pratique pas ou qu'on pratique, seul, à deux ou à plusieurs, le sexe (et particulièrement le sexe féminin) reste de nos jours un sujet tabou car méconnu. Il est frappant de voir qu'aujourd'hui encore, certaines femmes (et hommes) ignorent totalement comment leur corps fonctionne. Et là, Winckler pointe la responsabilité du corps médical qui ne juge pas utile de nous informer, voire nous considère trop « bêtes » pour comprendre.
J'ai aussi beaucoup apprécié le fait qu'il aborde la transsexualité et l'hermaphrodisme. Je ne savais pas qu'autant de bébés naissaient avec un genre non défini. Je ne savais pas non plus quel traitement il leur était la plupart du temps réservé, à ces bébés (et à leurs parents). Winckler pose la question du choix de l'individu et de la possibilité qu'il a (ou non) de disposer de son propre corps.( A ce sujet, je ne peux m'empêcher de vous conseiller la lecture de Middlesex de J.Eugenides, roman que je trouve tout simplement génial au sens premier du terme.)

Enfin, j'ai beaucoup aimé les témoignages et le fait que vers le milieu du livre ils se succèdent sans discontinuer ne m'a absolument pas gênée. Je les ai trouvés émouvants, sincères et je pense que M.Winckler les a retranscrits avec honnêteté pour la plupart (Certains, je suis d'accord, peuvent sembler caricaturaux).

Passons maintenant à ce qui m'a freinée dans mon enthousiasme.
Je l'ai dit, ce livre est le plaidoyer d'un homme sincèrement convaincu par son combat, dont le but est de nous faire partager ses convictions tout à fait louables. Par conséquent, il n'est pas dénué d'un certain manichéisme : d'un côté, les soignants, de l'autre, les docteurs. Pour ma part, je pense que les choses, comme les êtres, sont beaucoup plus nuancées. Il n'est pas non plus exempt de prosélytisme (ce parti-pris pour le stérilet contre la pilule ! Je peux vous assurer, pour l'avoir vécu par personne interposée, que le stérilet n'est pas la panacée non plus en matière de contraception) et donc d'un côté « donneur de leçons » Et ceux qui me connaissent un peu savent que j'ai horreur de ça .
Mais au final, ce qui a gâché mon plaisir (c'est le terme, désolée), c'est que M. Winckler a choisi de faire passer son propos par le biais du genre romanesque. Seulement voilà, n'est pas romancier qui veut et, personnellement, je trouve que le livre pèche par une intrigue prévisible, téléphonée, cousue de fil blanc et des protagonistes on ne peut plus caricaturaux. Et j'en suis encore à me demander quelle forme, quel genre il aurait pu adopter pour toucher un public le plus large possible car je trouve malgré tout que le fond est vraiment intéressant voire d'intérêt public.

En bref, et en guise de point final, il y a à prendre (beaucoup) et à laisser (un peu) dans cet ouvrage.
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