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Critique de JIEMDE


Il y a des livres qui vous marquent : Cartel en est un assurément.

Suite de la griffe du chien, Don Winslow y traite des années plus contemporaines (2004-2014) de la guerre des Narcos et de leurs cartels pour s'assurer du contrôle du marché de la drogue au Mexique et alentours, avec pour spectateurs - à défaut d'être arbitres - les gouvernements corrompus successifs et le "grand frère" américain tout en ambiguïté.

En fait de guerre, on n'en est même plus là. C'est le chaos le plus total, la barbarie et la loi du talion poussées à l'extrême, une lutte à mort pour le pouvoir et le contrôle de chaque zone du pays. Winslow ne nous épargne rien de cette violence, de cette désespérance des populations civiles voyant chaque jour un ou plusieurs de leurs proches, de leurs voisins, de leurs collègues disparaître en priant pour qu'ils reviennent. Et on les retrouve la plupart du temps : en morceaux. Ou dans des charniers...

Dans ce contexte, qui peut arrêter l'escalade ? Comment sortir de cette odieuse tolérance basée sur le concept du "si ce n'était pas eux ce serait d'autres ?". L'argent qui achète le silence coule à flot. C'est la base du système. Les politiciens sont passifs et complices. Ou l'inverse. La police regarde ailleurs. Là où on lui dit de regarder. Et même la presse finit par rendre les armes, quand la violence l'emporte sur la déontologie.

Don Winslow nous plonge dans une effroyable descente en enfer et dans la violence et l'on se demande au fil des pages où peut bien se trouver cette petite lueur d'espoir qui apportera le début d'une issue à cette narco guerre civile.

Ces réponses arrivent, faibles mais suffisantes.

Ce sont celles des femmes notamment, avec de formidables portraits de résistantes, fières, courageuses, droites devant la mort qui leur est promise. Elles tombent mais se relèvent et luttent. Jimena, Marisol, Erika...

Ce sont celles de hommes ensuite. D'Art Keller, qui ne renonce pas à sa lutte à mort contre Adan Barrera, lutte d'une vie qui trouvera toute son efficacité quand le seul désir de vengeance se complètera d'un sens pragmatique et politique plus efficace. Et de quelques narcos eux-mêmes qui finiront pas découvrir les vertus d'une philosophie de vie pourtant évidente : que manque t-il quand on a tout ce que l'on peut s'offrir, l'argent, les femmes, le pouvoir... ? La paix.

Cartel est un grand livre, remarquablement documenté, écrit dans un style efficace et percutant où les passages détaillant les éléments de contexte alternent régulièrement avec d'autres faits de dialogues courts et de scènes d'actions chocs. C'est ce qui conserve au livre un intérêt qui ne faiblit jamais, malgré 720 pages qui pourraient en effrayer certains.

N'en faites rien. On ressort certes un peu K.O. de ce livre, mais habité pour longtemps par tous ces personnages haïssables ou glorieux. Un très grand livre.
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