AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MonsieurHyacinthe


Riche d'un mouflet de 6 mois, il se trouve que j'ai subi dans la semaine un souci d'ordre mécanique, écornant fichtrement mon statut de papa-poule : trou dans la chambre à air du pneu de ma poussette ! Oh la garce ! Bébé me zieutait d'un oeilleton bancal, peu satisfait des balades de traviole.

M'apercevant de cette déconvenue et pour éviter dix séances d'ostéopathie à mon mioche, en apprenti héros qui se respecte, je me tamponne le visage de cambouis, m'humidifie les aisselles et mime le mec manuel, calé en mécanique, tournevis à la ceinture et clef de douze en bandoulière, pour faire sortir le MacGyver en moi. Honnêtement, si ce type arrive à réparer un hélicoptère avec trois chewing-gums et un bilboquet, je devrais m'en tirer avec deux cuillers et une rustine !

Six jours plus tard et 39 tutos Youtube engloutis, j'attaque la lecture de « Rustin » de Nikola Witko, dans le vif espoir de trouver enfin la solution à mon problème.

Bon. Ne vendons pas du colibri pour de l'autruche. Mon salut ne viendra pas de ces pages : aucune solution ici, que des pépins ! Il se trouve que Rustin porte une cicatrice à laquelle il tente de donner mille explications, au détour d'un godet au zinc. Quel est le vrai du faux ? le saura-t-on seulement un jour ? En tout cas, l'égoïste garde bien pour lui toute méthode de réparation de poussette !

Ah ça, des arbres à organes, oui, des greffes de siamois, on en trouve, les thématiques sont rudes chez l'homme Witko. On y retrouve parfois l'esprit cru et désabusé d'Ivan Brun, la critique de la société de consommation, la surenchère de la publicité traitée avec des dessins hard-core. On pense aussi au glauque dérangeant d'un Charles Burns (tout ce qui est organique et tuméfié). Humour à froid et insensibilité des sentiments comme chez Jason, Witko explore des techniques variées (monochromes, bichromie, esquisse, manga, jeux de miroir, publicités, etc.), des narrations différentes (dessin unique, comic strip, roman d'aventure, etc.), de saynètes en saynètes, tel un Jonathan Munoz. Jeune, vif et percutant comme Mathieu Bablet, toujours porté sur la gnôle comme un Bukowski. Bref. Drôle de mélange, que l'on retrouve aux éditions AAARG! évidemment.

Toujours est-il que je m'en suis tiré, seul, comme un grand. Mon fils est trop petit pour être fier de son père, j'aurais dû me filmer, mais je n'ai que deux mains et un biberon à tenir. En tout cas, maintenant que ma poussette bourlingue, si vous avez un hélico en rade dans votre jardinet, je n'ai plus peur de rien… un bilboquet… quelques malabars, et j'embraye… à bon entendeur.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}