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Critique de Bebemerad


Film culte symbole d'une époque, « Les demoiselles de Rochefort » continue d'enchanter. Brillante synthèse entre les mondes provinciaux de Jacques Démy et les comédies musicales hollywoodiennes, il éclate de couleur, de joie et de mélodies contagieuses. Pourtant, au départ, rien n'était acquis. Avec son complice Michel Legrand, le réalisateur nantais avait envie de porter à l'écran un long métrage bourré de fantaisie et d'optimisme. le succès planétaire de « Les parapluies de Cherbourg » l'avait placé sur la liste des créateurs bankables et on lui avait confié une enveloppe quasiment illimitée pour réitérer cet exploit du box-office. Très en amont, il s'est installé à une table de travail et a imaginé un récit en accordéon, au long duquel une poignée de personnages sont amenés à se chercher, à se croiser, à se perdre puis à se retrouver. Pour que le charme opère, il importait de se décaler du réel, en faisant repeindre les façades de Rochefort en jaune, rose ou vert. le casting avait autant d'importance que le choix de l'équipe technique. Après avoir engagé Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Michel Piccoli, Danielle Darrieux et Jacques Perrin, il n'a pas hésité à solliciter le vétéran Gene Kelly (« Chantons sous la pluie ») et George Chakiris (tout juste sorti du triomphe de « West Side Story ») pour apporter une dimension internationale à son récit, prouvant que les relations amoureuses (qu'elles se vivent ici ou ailleurs) fédèrent partout le même intérêt. Contrairement à « Les parapluies de Cherbourg », il fallait que la partition puisse donner l'impression de sortir des postes de radio. En évitant l'écueil de la pop, les rythmes devaient être jazzy, avec quelques nuances classiques. Pas un problème pour Michel Legrand, sorti du Conservatoire de Paris, brillant orchestrateur et chef d'orchestre. L'énergie devait être ressentie dans chaque mélodie, même si une touche de mélancolie pouvait parer certains propos. Après s'être mis au piano et avoir testé les alexandrins de Jacques Démy sur différentes textures chromatiques, le compositeur a brodé un score chatoyant, permettant d'organiser musicalement le tourbillon effréné des sentiments. Evidemment, on n'emballe pas un pareil projet en quelques jours et la gestation s'est étendue sur plusieurs mois, toujours peaufinée dès que la sensibilité des protagonistes s'affinait ou se durcissait en cours d'écriture. Une des grosses difficultés s'est imposée au niveau du casting vocal, en vue de doubler les comédiens. Hormis Danielle Darrieux, pas un ne chante vraiment. A aucun moment, les spectateurs ne devaient s'apercevoir qu'on passait de la vraie voix des acteurs à celle des chanteurs. La difficulté a donc été de trouver des professionnels possédant le même registre. Cette mission a été accomplie avec adresse puisque, aujourd'hui, beaucoup croient encore que Catherine Deneuve et Françoise Dorléac interprètent réellement « La chanson des jumelles ».
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