Penelope poursuivit l'aventure littéraire du naufrage de l'Hespérus et supposait que la magie de la poésie ferait son oeuvre.
Les mots résonnaient dans les petites consciences animales et les expressions attristées, les petits hurlements des petits comme le loup à la lune démontraient que le sens faisait doucement son chemin.
Penelope remettrait le grec et le latin à plus tard, elle ne désespérait pas de conduire Alexandre, Beowulf et Cassiopée à la civilisation auxquels des parents malveillants les avaient enlevés.
La nursery qui les abritait gagnait des lettres de noblesse chaque jour, calmant les jappements, menant les mots dans le verbe de ses protégés.
Lord Ashton ne prêtait plus guère attention à ces petites « bêtes » sauvages qu'il trouva dans les bois depuis que Penelope Lumley fut missionnée comme gouvernante. le noble amateur de chasse et de têtes de fauves empaillées n'attendait juste de ces têtes-ci qu'elles soient bien remplies comme l'éducation l'exige pour des enfants.
L'arrivée de Penelope fut un soulagement, Les fortes supplications de sa nouvelle épouse Lady Constance l'avait poussé à trouver une solution à cette nouvelle « maternité » imposée trop tôt à son jeune goût.
Penelope, qui surprenait les conversations assassines de Lady Constance dans les couloirs du manoir, invitant à rendre à mère Nature ces enfants-là bien trop perdus, l'a faisait fulminer de rage. Lady Constance ne cessait de réclamer d'un air narquois des preuves d'avancées spectaculaires avec le petit trio d'enfants.
Dans quelques jours, Lord Ashton réclamera négligemment que chacun d'eux sache danser le « scottish » pour sa soirée , à la bonne mode de la riche société et qu'ils soient capable d'échanger si le cas se présente . Penelope Humley, d'extraction modeste, ignore ce qu'est cette danse mais elle ne désespère pas, point de déshonneur, Constance, Alexandre et Beowulf sauront se tenir correctement sur leurs deux pieds, « Lumahaou », comme ils la surnomme, les protégera des tentatives de Lady Constance.
Rien ne saurait ruiner les efforts de ses petits protégés baptisés par Lady Constance « les Incorrigibles ».
: Ce premier tome « Une étrange rencontre » pose le décor, installe les personnages imaginés par l'auteure
Maryrose Wood, avec une atmosphère de série très inspirée des romans classiques se déroulant dans l'Angleterre du XIXème siècle.
Les quelques illustrations ont un style rétro, suranné, cela rappellera aux parents qui l'ont connu les collections de romans historique classiques de notre enfance « Rouge et Or » pour la jeunesse.
L'auteure cite en tout cas en fin son attachement au roman de
Charlotte Bronte «
Jane Eyre », l'histoire d'une gouvernante anglaise qui découvre l'amour auprès de son employeur beau et ténébreux et va découvrir un très lourd secret. Cette atmosphère étrange est reprise un peu ici et les murs du manoir Ashton cache bien des choses.
Mais n'allons pas trop vite, reprenons du début. L'histoire commence avec Penelope Lumley, une orpheline comme
Jane Eyre, éduquée et élevée par une bonne institution, volontaire et encore innocente, aimant se replonger à loisir dans les romans de chevaux qui ont fait le bonheur de son enfance. Ce bonheur là, elle va tenter de le partager avec les « incorrigibles » bien mal nommés, trois frères et soeurs trouvés près des bois du domaine Ashton et pris charitablement sous la protection de la famille.
C'est là le début de l'aventure, celle de Penelope, dont les tentatives d'éducation de ces enfants sauvages sont proches du dressage au début mais dont l'amour, les bons traitements et les enseignements de la jeune Penelope finissent par payer. Ces confidences épistolaires régulières à sa directrice lui confère un caractère romantique qui devrait séduire les jeunes filles.
Concernant son « cheval de bataille » des plus originaux et étranges, si les attitudes des enfants restent encore un peu frustres par moment, si le langage reste difficile, l'intelligence des enfants ne fait aucun doute et les trois ne se comporte plus comme une portée de chiots en folie. Une vraie victoire pour la gouvernante qui peine à convaincre ses employeurs, Lord Frederik toujours absent ou plus intéressé aux affaires de chasses et Lady Constance, l'épouse, qui se trouve complètement effrayer à l'idée de présenter des enfants sauvages et dévergondés à sa bonne société. Nous ne savons que penser de ses personnages équivoques, parfois antipathiques, mais des événements mettant en danger la sécurité des enfants vont forcer Penelope à cerner la nature de chacun, découvrir qui tireraient avantage à mettre les incorrigibles dans l'embarras. le mystère des voix traversant le grenier ajouté à cela, sans compter le mystère des origines des enfants, des points qui devraient ajouter de l'aventure et des scènes dramatiques, les intrigues sont lancées.
Si Jane Eye ferait le bonheur de grands ados, la série en revanche est bel et bien en direction d'un jeune public, le ton reste léger, les lectures de penelope et les péripéties des incorrigibles ramenant des temps de douceur et d'espièglerie.
Nous attendons la suite.