AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de adtraviata


Même si rien n'indique que le narrateur est un homme ou une femme, je me suis imaginé Virginia Woolf elle-même, poussée par une envie irrépressible de sortir de chez elle au crépuscule, à la poursuite d'on ne sait quels fantômes (c'est le titre anglais qui le précise : Street Haunting. A London adventure), prétextant qu'elle doit absolument s'acheter un crayon. Son sens de l'observation – et de l'aventure – ou son imagination débordante lui fait voir et décrire avec lyrisme une troupe de cirque avec une naine en personnage principal, un groupe d'aveugles, le quartier des librairies d'occasion et enfin la papeterie où elle sent des vibrations de colère entre le couple de papetiers. Une fois munie de son crayon, il est temps pour elle de rentrer retrouver son décor routinier mais si rassurant quand même par rapport à ces personnages extravagants croisés dans les rues de Londres.

On peut penser à Mrs Dalloway, bien sûr, qui passe une journée en ville pour préparer sa réeption du soir et ne cesse de digresser à propos de tout et de rien (c'est le souvenir qui m'en reste, désolée pour ceux qui l'aiment). On peut surtout admirer l'art de Virginia Woolf de recréer l'ambiance de Londres à six heures du soir, on peut se laisser emporter par ce regard qi passe d'une chose à l'autre sans limite. Mais au vu de l'extrait proposé par l'éditeur, on peut se demander si, à travers les gens croisés (les revenants ?), la narratrice (ou le narrateur) n'est pas à la recherche de son moi profond ou si la promenade ne lui permet pas d'affronter ses multiples personnalités. Ce qui fait de ce texte court un peu plus qu'une simple nouvelle.

Pour ce qui est du regard graphique d'Antoine Desailly, il est à la fois dépouillé et très précis : les dessins au crayon gris prennent peu d'espace sur la page blanche, ils représentent de petits objets, réels ou imaginaires, ou des fragments, qui donnent une dimension irréelle, presque fantastique à l'ouvrage (sans doute sa manière à lui de compléter ainsi cette visite hantée des rues londoniennes). Sa technique est très précise, très détaillée, elle n'oublie aucun reflet, aucun pli, aucune ombre des objets dessinés (elle m'a fait penser au cours de Dessin d'analyse suivi par mes élèves).

Au final, je ne regrette pas d'avoir renoué un tant soit peu avec Virginia Wolf !
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}