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Critique de ElizaLectures


Tout commence par six enfants, jouant dans un jardin. Leurs pensées se déroulent l'une après l'autre, s'emmêlent, se croisent et se répondent. L'un se cache dans un buisson pour rester seul (c'est Louis), l'une le trouve et l'embrasse, cherche à la faire sortir (c'est Jinny), une autre voit la scène et sent monter en elle la jalousie (c'est Susan), un autre voyant sa détresse lui court après pour la consoler (c'est Bernard), un autre encore ne voit pas tout cela car il est absorbé dans ses pensées (c'est Neville) et enfin il y a celle qui a peur et qui pour se rassurer tente de faire voguer des pétales dans une bassine (c'est Rhoda). le septième personnage, c'est Percival. Rencontré au collège, il est le centre de toutes leurs attentions. Mais dans ce livre, c'est le seul qui ne s'exprime pas. Et lorsqu'il meurt, tous se sentent affectés.

Alors que l'écriture semble se déverser avec fracas sans ordre ni but, le récit est pourtant le fruit d'une remarquable construction littéraire. Huit grandes parties composent le roman, chacune d'entre elles correspond à un âge de leur vie. Entre chaque partie, la course du soleil sur la mer, du matin jusqu'au soir, ses reflets dans des objets du quotidien posés sur une table au jardin. Quelques renseignements sur leur famille ("mon père, banquier à Brisbane"), quelques événements énoncés au détour d'une phrase ("elle m'a dit oui, je vais me marier"), leurs voyages, nous en apprennent un peu plus sur ces six personnages. Au gré du récit, le lecteur les identifie un peu mieux : Susan, mère nourricière et protectrice, Neville, amoureux de Percival, Louis, homme d'affaires, Bernard, celui qui fait des phrases, Jinny, qui passe de bras en bras, et enfin Rhoda, la "femme sans visage". Tandis que les trois femmes sont radicalement différentes, les trois hommes partagent un attachement profond pour la littérature, et surtout l'écriture. Mais seul Louis est vraiment un poète, car lui seul vit dans une mansarde alors qu'il a fait fortune dans le commerce. le récit s'ouvre et se referme (excepté un dernier chapitre où seul Bernard prend la parole) par un moment où les six personnages sont ensemble : d'abord au jardin lorsqu'ils sont enfants, puis enfin lors d'un dîner à Hampton Road, alors qu'ils sont bien plus âgés. Au milieu, un deuxième déjeuner, dont Percival est le principal attrait.
Les contours de ces six personnages restent flous, ils sont le monde, ils sont nous. Et leurs pensées, leurs angoisses et leurs espoirs sont les nôtres.

Impossible de vous en dire plus sur l'histoire des Vagues. Impossible de tenter de retrouver l'infinie beauté et poésie des mots que Virginia Woolf nous offre comme un bouquet. Impossible de décrire ce qui m'a ensorcelé dans ce texte. L'extraordinaire pouvoir des images qu'elle met devant nos yeux, le rythme lancinant des phrases agit comme une filet qui nous happe et nous entraîne dans les eaux profondes. Et même si parfois mon esprit s'échappait pour suivre le cours de mes propres pensées, cela fait aussi partie de l'envoûtement de ce livre. À lire absolument.
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