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Critique de JustAWord


Après 27 tomes, certaines légions restent encore bien mystérieuses et il était plus que temps que les fils de Chogoris, les fameux White Scars, fassent leur entrée en scène. Pour cette occasion, c'est le britannique Chris Wraight qui s'y colle, marquant par là même sa seconde participation à la gigantesque saga de l'Hérésie d'Horus après la novella Brotherhood of the storm déjà centrée sur les fils du Khan.
Après deux romans autour des Spaces Wolves, le britannique revient donc à ses premiers amours et tente de réaliser un roman synthétique qui revient en arrière et se situe juste après la chute de Prospero.

L'âme d'une légion
White Scars, contrairement à ce que semble indiquer son titre, n'est pas uniquement centré sur l'action de la légion du même nom.
La première partie alterne entre l'affrontement de Leman Russ et d'une partie de l'Alpha Legion, et la lente prise de conscience de la situation galactique par les White Scars alors que ceux-ci sortent tout juste d'une campagne xénocide contre les orks du monde éloigné de Chondax.
Pour approcher la légion de Jaghataï Khan, Chris Wraight choisit d'entrelaçer trois fils narratifs.
Le premier se concentre sur les Space Wolf et se termine très abruptement, le second s'intéresse aux déboires de Yesugei, le plus puissant des psykers des White Scars, et le troisième (et plus important) sur le lent cheminement du primarque et de ses fils dans le conflit intergalactique qui a déjà commencé sans qu'ils en aient conscience. Si toute la partie sur Russ semble artificielle et, pour tout dire, complètement inutile, les deux autres arcs finissent évidemment par se rejoindre afin de donner une vision globale de ce qu'est la légion des White Scars mais aussi la raison de son ralliement tardif à l'Empereur, qui n'est d'ailleurs pas sans incident !
Ce qui est intéressant dans White Scars, c'est que Chris Wraight tente vraiment de montrer une nuance à l'intérieur même de la légion en opposant la faction terrane et la faction chogorienne à travers les personnages de Torghun et de Shiban. Il illustre ainsi à la fois la façon de penser radicalement différente de ces deux peuples mais permet également de justifier la quasi-scission de la légion lorsqu'il faut répondre à l'appel du maître de Guerre. Wraight réutilise le principe des loges guerrières introduites dès L'Ascension d'Horus par Dan Abnett et revient ainsi sur les différences de philosophies guerrières entre White Scars et Luna Wolves. Dans un souci évident de bien intégrer la légion du Khan parmi ses soeurs, plusieurs primarques feront une apparition, notamment Magnus, Mortarion ou encore Leman Russ. Une participation qui permet de montrer que les White Scars sont bien différents de leurs frères tout en étant complémentaires dans leur approche. Chris Wraight offre une personnalité et un background convaincant à la légion et à son primarque, l'insaississable mais honorable Jagathaï Khan.

Choisir un camp
Si l'on excepte toute la partie avec les Space Wolf, White Scars est une excellente surprise qui parvient non seulement à nouer des fils narratifs parfois inattendus (la rencontre avec les légions éclatées, l'amitié entre Magnus et Jaghataï…) mais aussi de revenir sur l'autre évènement déclencheur de l'Hérésie extérieur au massacre d'Isstvaan : le concile de Nikaea.
Chris Wraight ose poser une question qui n'a été que très peu abordée jusque là dans l'Hérésie d'Horus : la responsabilité de l'Empereur… du point de vue loyaliste ! White Scars se demande frontalement si l'un des deux camps est meilleur que l'autre et offre un véritable dilemne moral à la légion de Jaghataï. Dès lors, et de façon assez malicieuse, derrière sa façade de divertissement spatial et son histoire de trahisons, le roman s'interroge sur les limites du pouvoir confié à des êtres aussi puissants et sur ce que l'oisiveté peut faire à un conquérant, même animé des meilleures intentions. Cela apporte une dimension réflective assez inattendue au récit et permet de poser la légion des White Scars comme l'une des plus réfléchies et des plus mesurées alors qu'ils sont souvent considérés comme trop fougueux et sauvages.
Pour les amateurs d'action cependant, n'ayez crainte puisque que White Scars propose son lot de combats épiques, spatiaux ou terrestres, et montre même une certaine maîtrise au niveau de la tension narrative qui entoure le choix de la légion et son comportement final.
Jaghataï y apparaît comme un personnage aussi fort que subtil, aussi indomptable que noble tout en laissant assez de place aux autres pour exister, notamment Yesugei et Shiban, et cela sans jamais oublier de faire avancer à sa façon l'immense conflit en route.
Chris Wraight comble un manque dans la saga et permet finalement à une légion jusque là complètement ignorée de prendre une place de choix dans la bataille pour le sort de l'humanité.

Surprenant, White Scars donne un visage et un esprit à une légion jusque là beaucoup trop discrète. En se proposant de faire le point sur l'après Nikaea et les énormes conséquences du concile, le roman permet aussi de s'interroger sur l'existence réelle et clairement délimitée d'un camp du bien et d'un camp du mal dans cette immense empoignade galactique où les frères se tournent contre les frères.
Lien : https://justaword.fr/lh%C3%A..
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