Une vieille échelle en bois permettait d’accéder au grenier. Bien qu’il fût sombre et étouffant, c’était mon refuge préféré. Des que mes parents avaient le dos tourné, rien ne pouvait me rendre plus heureuse que de filer au grenier, munie d’une lampe de poche et de mes jouets. J’y dévorais des livres pour enfants, m’amusais et fredonnais les chansons russes que ma mère m’avait apprises. Fatiguée, je piquais un petit somme au milieu de mes livres et de mes jouets.
C'était la première fois que j'éprouvais l'irrésistible envie d'embrasser une fille. Mais cela m'avait paru aussi pur, aussi naturel que d'embrasser une jolie fleur ou un flocon de neige tombé du ciel sur ma main.
- […] Ces derniers mois, j’ai attendu que tu me dévoiles enfin ce secret : qu’est-ce que c’est, devenir une femme ? Je n’ai pas cessé d’y penser. Je croyais que si j’étais une femme comme toi, tu m’aimerais davantage et que tu me confierais tout de ta vie. J’ai même essayé de trouver un petit ami pour que tu me traites d’égale à égale. Je pensais… je ne voulais plus être une petite fille. Mais comment vais-je grandir si tu n’es plus là ?
- Tu ne me connais pas, tu t’amuses bien avec moi mais c’est tout. Tu as besoin de mon amitié comme moi de la tienne. Au fond, personne ne sait qui je suis. Elle détourna son regard. Tu n’as pas besoin de moi, ta vie sera meilleure sans moi. Tes bouquins, ton violon, ton toit, c’est tout ce qu’il te faut. Ton monde est peuplé de sourires et de rayons de soleil. Durant ces vingt-quatre ans, personne ne m’a jamais demandé pourquoi je suis devenue celle que je suis aujourd’hui, ni pourquoi je pense de cette façon. Mais même si tu me connaissais mieux, ça ne changerait rien. Tu serais toi, et moi je serais moi.
"Et moi, telle une plante assoiffée en plein désert implorant le ciel de lui accorder la goutte d'eau salvatrice, j'attendais Miao Yan."
De temps en temps, les filles des chambres voisines venaient nous rendre visite juste pour jeter un œil sur le lit de Yishu. Elles se moquaient un peu de son obsession de l'ordre, ce qui ne les empêchait pas de prendre des photos de son lit et de les envoyer à leurs parents en prétendant que c'était le leur.
Je n'avais jamais porté de soutien-gorge mais des brassières jusqu'à mon entrée à l'université. Sur les vingts filles de ma classes au lycée, trois seulement portaient un soutien-gorge sous leurs petits hauts en été. Les autres se moquaient d'elles en secret en les traitant de "femmes", la pire insulte pour des filles de notre âge. Ressenti comme une honteuse calomnie, ce terme sous-entendait que nous n'étions plus mignonnes ni jolies et mettait en doute notre pureté et notre innocence. Comme si ce qualificatif leur avait porté malheur, aucune de ses trois filles n'était entrée à l'université et l'une d'elle était tombée enceinte juste après le lycée.
Les filles comme toi je les connais par cœur. Vous rêvez toutes du prince charmant. Mais tu sais, ils sont rares en ce bas monde. Et même s'il y en avait un, tu aurais bien tort de croire en lui. Selon moi, la plus grande faiblesse d'une femme, c'est de faire confiance à un homme.
Qu'une simple robe noire pût faire de moi une femme était si étrange. Pour la première fois, je réfléchis au sens de l'expression "devenir une femme"
Au dos de la porte, quatre punaises rouillées maintenaient en place le Guide de l'étudiant. Une phrase était surlignée et soulignée : il appartient aux étudiants de nos universités d'accomplir une mission historique : construire une Chine socialiste moderne, illustrée d'un dessin à l'encre figurant une élève assoupie sur son bureau