Une si jolie robe

Un récit très limpide qui nous en apprend énormément sur la Chine et ses conventions sociales. Cependant, le résumé bâclé de la quatrième de couverture induit fortement le lecteur en erreur. Il n'est nullement question d'une attirance saphique entre Ming et Miao Yan, mais d'une solide amitié doublée d'une fascination. Dans ce récit à la première personne, Ming, une adolescente de dix-sept ans rencontre un soir sur le toit du dortoir de son université une jeune fille séduisante âgée de vingt-quatre ans. Il s'agit de Miao Yan, belle plante consciente de ses charmes. Contrairement à cette dernière, Ming n'a pas beaucoup confiance en elle et ne connaît que très peu de choses du sentiment amoureux. Éprise de littérature, elle est conditionnée par les romans qu'elle dévore, à tel point qu'elle rêve de connaître une histoire semblable à celle de Catherine et Heathcliff dans les Hauts de Hurle-Vent d'Emily Brontë. Aux côtés de Miao Yan, Ming va faire son éducation sentimentale et découvrir la sexualité, le désir et le plaisir. le roman explore sans tabou ce domaine auquel se heurtent violemment les idéaux naïfs de Ming. le roman nous permet également d'en apprendre un peu plus sur les moeurs chinoises: la politique de l'enfant unique est un sujet plusieurs fois abordé, de même que la pornographie, l'avortement, l'obsession de la réussite scolaire et sociale. le roman se déroule dans la Chine des années 1990, laquelle est alors soumise à de lourdes mutations industrielles et culturelles. On parle bel et bien d'homosexualité, mais ce sujet ne s'étale pas au delà de trois pages. Ce roman peut être interprété de différentes manières, bien entendu, mais je crois que son sujet principal est l'évanescence de l'amitié, sa fragilité, et parfois sa cruauté.