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Citations sur Même les anges (6)

Tandis que je vous l'exprime, je vois les phrases tourner sous mon crâne comme tournent les ritournelles qui après nous avoir séduits nous obsèdent. On ne sait plus qui est prisonnier : la phrase du crâne ou le crâne de la phrase ?
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Vous vous êtes pris les pieds dans mes pages qui sont pleines de vous, dans votre précipitation vous les avez arrachées laissant après vous les traces du chemin que vous prétendiez parcourir sans moi, si bien que pour vous suivre je n’ai qu’à suivre, en y posant le pied, vos empreintes qui ont troué ce que j’avais écrit. C’est qu’il n’est pas aisé d’être brigand lorsque la veille on fut prince, c’est qu’il n’est pas aisé d’affirmer son courage lorsque l’aimée, sous le drap léger, semble plus démunie qu’un fruit de mer auquel on arrache la coquille.
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Je tends la main.
Les draps n’ont pas encore eu le temps de refroidir.
Dans l’autre main j’ai votre voix que blanchit la distance et qui demande pardon, pardon d’être si loin.
Il est cinq heures du matin. Vous m’appelez d’un aéroport et je n’arrive pas à recoudre ensemble
votre voix subitement mêlée de sonorités étrangères et votre corps qui, sous les draps,
m’écrase encore.
 
Tout à l’heure, nous faisions l’amour.
J’ai sur mes lèvres un peu de votre sueur séchée.
Vous vous êtes sauvé, dites-vous, « en pleine nuit pour ne pas te faire de peine, tu as si mal vécu mes précédents départs… »
 
Derrière la vitre, il fait un bel octobre.
J’ouvre et je ferme les cuisses.
Je respire les bouffées chaudes que le lit garde de vous, j’écoute votre voix qui peu à peu s’épuise, usée par mes silences et par la faute d’avoir osé partir sans m’en avertir.
Aujourd’hui, pour la première fois depuis que nous nous aimons, vous m’avez trahie.
 
Tant pis.
Je partirai seule à la Villa Médicis.
 
Je viens d’y obtenir un long séjour pour écrire, je ne vous en ai rien dit, j’étais si fière, je voulais vous en faire la surprise, vous emmener un peu malgré vous dans ma vie plutôt que de rester toujours à butiner la vôtre, je voulais vous bander les yeux, vous les auriez ouverts sur un palais italien, nous aurions partagé ma première nuit en baldaquin.
Mais, moins experte que vous dans l’art de comploter, j’ai manqué de promptitude à ordonner mon voyage. Vous avez fui. Vous avez précisément choisi cet instant de vie secrète et joyeuse pour disparaître de mon lit.
 
Tant pis, vous dis-je.
Avec votre billet d’avion, je ferai des confettis.
Vous reniflez ?
Vous pleurez ?
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Où êtes-vous ?
Où est votre désert ?
Vous m’avez déroulé un carré de sable sous les poumons.
Ce n’est pas seulement votre présence ou votre absence qui me consument, c’est ici ou ailleurs votre simple existence. Je ne sais pas vivre sans vous, m’entendez-vous, je ne sais pas aimer, je ne sais pas écrire, je ne sais pas vivre parmi des étrangers et tenir debout, est-ce que cela s’apprend ?
Vous partez, aussitôt ma substance vous suit, je m’étonne même de demeurer visible, je m’étonne lorsqu’on me tend la main d’avoir à mon tour une main qui se présente, lorsqu’on prend de mes nouvelles d’avoir une voix qui répond et des lèvres qui s’écartent et se serrent pour un autre
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Vous ne le croirez pas mais il m'arrive sur ce point d'envier nos aïeules qui, une fois les casseroles récurées et la nappe battue, brodaient, priaient, pratiquaient le crochet et nonobstant, rêvaient s'emplissaient d'aventures, fantasmes, rocambolesques passions, frivoles effusions dans le murmure à peine, affleurait aux lèvres mais, eût-on soulevé les paupières soigneusement tenues baissées sur l'ouvrage qu'on aurait surpris à l'ombre des cils et confondus aux larmes, les plus scandaleuses amours, les romans les plus sulfureux. Cependant au soir quand revenait l'époux, leur visage d'avouait le plus souvent qu'attente, ardeur, soumission, devoir.
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Ils sont recroquevillés sur eux-même, ils gardent sous leurs vêtements des restes de nuit, des bouts de rêve dont ils préfèrent ne pas se défaire encore afin de venir au jour avec plus de douceur. Ils ont tous des souvenirs de grand-mères qui sentaient le citron ou le bégonia et qui les sortaient du sommeil avec des chansons d'antan, des roucoulements, des caresses. Dans leurs écharpes de laine, ils se font des cocons, ils ne veulent pas être blessés. Ils ont tous la tête de celui qu'on sacrifie quand le radeau commence à couler et qu'il faut en jeter un à l'eau ou bien le manger.
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