Une canne à pêche pour mon grand-père

Six nouvelles qui ont en commun d'être empreintes de nostalgie, émotion particulièrement complexe, puisque mélange de sentiments négatifs (tristesse, regret) et positifs (souvenirs de moments heureux). Dans le temple c'est le souvenir d'un moment d'un bref voyage de noces qui fut une coupure salutaire dans le quotidien chinois moderne. Dans L'accident, c'est un ralenti, à la limite de l'arrêt sur image, sur un accident mortel entre un bus et un vélo. Dans La crampe c'est la lutte pour s'en sortir d'un baigneur pris d'une crampe au large pour avoir voulu fanfaronner. Dans un parc est un dialogue qui nous montre l'incapacité de se comprendre qui s'est installée entre deux amis d'enfance que la vie a séparés. La nouvelle titre est la plus belle, la plus attachante, c'est un texte sur le souvenir, les émotions qu'il déclenche, les désillusions, l'écriture s'emballe, très poétique. J'ai eu beaucoup plus de mal avec la dernière, Instantanés, constituée d'une succession d'instants photographiés, qui concernent
un homme qui lit sur une chaise longue à la plage, la vision érotique d'une femme qui se déshabille, une affiche dont les personnages s'animent… J'ai beaucoup aimé le principe, comme une sorte de time lapse au ralenti, mais j'ai trouvé qu'il y avait trop de thèmes, que cela devenait un peu hermétique et je m'y suis un peu perdue.
Dans tous ces récits l'action est secondaire, ce sont les sensations, les émotions, les impressions suscitées par elle qui sont sur le devant de la scène : nostalgie, amertume, regret, mais aussi tendresse, bonheur...