CORYPHÉE : Il arrive toujours que les armes se vide,
le sang a trop trop parlé
Les vautours ne suffisent plus à l'hygiène macabre
Et la terre engraissée réclame de nouveaux labours.
MUSTAPHA : Rien n'est plus exclusif que le deuil d'une femme.
HASSAN : Ainsi la jalousie d'amour cède à la fraternité des armes.
Nous les ancêtres, nous qui vivons au passé
Nous la plus forte des multitudes
Notre Nombre s'accroît sans cesse
Et nous attendons du renfort
Pour peser d'un poids subtil sur la planète
Et lui dicter nos lois
Nous, Comité Central des Ancêtres,
Nous sommes parfois tentés de parler à la terre,
De dire à nos enfants : courage
Prenez place dans les vaisseaux de la mort
Venez rejoindre à votre tour l'armada ancestrale
Et le temps et l'espace
Mais les vivants ne savent ni vivre ni mourir
N'ont pas une pensée pour les Ancêtres
Toujours présents à leur chevet !
(Les Ancêtres redoublent de férocité)
Coryphée: Encore des prisonniers.
Choeur: Encore des soldats.
Coryphée: Ils vont tout droit au polygone.
Choeur: Au polygone?
Coryphée: Oui, c'est là qu'on fusille.
Choeur: Polygone, polygone, polygone...
Coryphée: Ils ont tout mesuré. Ils passent leur temps à prendre des mesures contre nous. Le polygone, en géométrie, ça veut tout dire...
Choeur: Il y a, au même endroit, là où on fusille, un camp de concentration...
Mustapha : C'est vrai. J'y étais, il y a dix ans.
Coryphée: Nous sommes riches en polygones...
Choeur: Sans compter les cimetières.
Coryphée: Pour ne parler que des terrains vagues. Quant à la prison, c'est un luxe, en prévision de la paix.
Choeur: Polygone, polygone, polygone...
Coryphée: Tout territoire est un polygone. Tous les pays sont des polygones inscrits dans la sphère terrestre. Il y a des polygones réguliers, des hexagones, comme la France.... Et il y a les irréguliers....
NUAGE DE FUMÉE : Rien. Je voudrais seulement être dans un monde où les hommes et les ânes vivent chacun de son côté. Soit dit sans vous manquer de respect.
(Le poudre d'intelligence).