quoique disent la vieille espérance
forçons les portes du doute
Il est de jeunes bras
Qui sont morts tendus
Vers une mère
vous les pauvres
dites moi si la vie
n'est pas une garce
Mais les morts les plus à plaindre,
Ceux que mon cœur veut consoler,
Ce sont les pauvres d'un pays de soleil,
Ce sont les champions d'une cause étrangère,
Ceux qui sont morts pour les autres,
ET POUR RIEN !
bonjour ma vie
et vous mes désespoirs
LA GUEULE DU LOUP, 17 OCTOBRE 1961
Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Tu as vu notre sang couler
Tu as vu la police
Assommer les manifestants
Et les jeter dans la Seine.
La Seine rougissante
N’a pas cessé les jours suivants
De vomir à la face
Du peuple de la Commune
Ces corps martyrisés
Qui rappelaient aux Parisiens
Leurs propres révolutions
Leur propre résistance.
Peuple français, tu as tout vu,
Oui, tout vu de tes propres yeux,
Et maintenant vas-tu parler ?
Et maintenant vas-tu te taire ?
Cinquante années plus tard, ce texte n’a malheureusement rien perdu de son actualité.