A seize ans, la vie n'avait plus de secrets pour moi. Cela peut sembler présomptueux, je le sais, mais moi je ne bluffe pas. Qu'appelais)je donc "la vie" à l'époque ? Tout ce qui concerne les garçons ? Ces plaisirs, parfois à double tranchant - amour, alcool, cigarettes, sexe - qui sont comme des obligations par lesquelles tout adolescent doit passer ? Vous n'y êtes pas du tout ! Sur ce plan, je n'étais qu'une gamine innocente. En revanche, je connaissais la haine. Et à seize ans, la haine m'offrait un regard privilégié sur la vie.
Ma haine est une boule dure que j'enferme dans un tiroir. Dedans, elle va et vient et se heurte bruyamment aux parois. J'ai envie de la caresser, de la chérir. Ma haine est mon trésor, l'enfant que, pantelante, je serre dans mes bras après un accouchement douloureux.