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Critique de Sylvere


Tome 3
Dans ce volume nous commençons par Yoshinosuke Yoshikawa qui enseigne à sa fille uniquement la méthode oraliste et la lecture labiale. Il rejette complètement et violemment la langues des signes.
Puis nous retrouvons Kiyoshi Takahashi devenu directeur de la section sourds-muets de l'école. Issaku lui, n'est plus le jeune garçon incontrôlable du premier tome, il a 17 ans et part pour Tokyo apprendre le métier de professeur pour mieux revenir dans son ancienne école.

Les débats entre les méthodes occupent de plus en plus l'école alors que l'oralisation est en plein essor. Et alors que les sourds étaient parfois vu comme une malédiction divine, certains commencent à dire que la voix d'un enfant sourd à plus de pouvoirs bénéfiques qu'un soutra bouddhique. Ironique retournement...

Fin 1925, après des conférences retentissantes, la méthode oraliste à donc le vent en poupe. C'est avec l'exemple de la petite Hamako Nishikawa que tout bascule. Puisque son père a réussi à la faire parler "normalement", grâce à la méthode oraliste et à la lecture labiale, tous les sourds doivent pouvoir suivre ce chemin. le système éducatif est repensé en ce sens, au détriment des enfants bien souvent. Les parents, maladroitement et un peu égoïstement, veulent pouvoir entendre la voix de leur enfant, et entendre "Papa", "maman" ou la phrase rituelle "Maman, bonsoir, je suis rentré". Pourtant l'auteur s'interroge, comment construire une éducation et un langage en partie baseé sur la lecture labiale qui ne permet de comprendre que 30% d'un échange, le reste étant des hypothèses?

De nombreuses questions sont soulevées : une méthode doit elle forcément exclure les autres; les sourds forment-ils un groupe cohérent et unique; faut-il absolument donner une apparence "normale" pour une meilleure intégration ...

Ce volume s'intéresse en parallèle aux événements des années 1920 et notamment 1923, l'année du grand séisme qui ravagea Tokyo. L'armée, le pouvoir, les milices populaires en profitèrent pour se débarrasser des gênants et des nuisibles selon eux et de ceux soupçonnés d'être à l'origine des maux du pays. Ils vont tuer des milliers de Coréens, des socialistes et des sourds qui ne peuvent pas répondre à leurs interrogatoires. Au total entre le séisme et les violences, ce sont 100 000 personnes qui vont périr et 30 000 qui seront blessés.

Ce volume est encore très instructif, difficile de lâcher cette série découverte dans les rayons de la médiathèque Jean Moulin de Margny-les-compiegne.


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