AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Abilio79


A l'origine une légende folklorique, l'histoire du savant Faust a généralement pour référence littéraire les pièces de théâtre écrites par l'anglais Marlowe au XVIe siècle et par l'allemand von Goethe au XIXe siècle. Quelques soient les reprises ultérieures, le mythe faustien repose toujours sur le même principe : désespéré et frustré, Faust vend son âme au diable pour acquérir une connaissance inaccessible.

Dans le monde de Frau Faust, une version magique de la renaissance européenne similaire à l'univers de Full Metal Alchemist, la tragédie de Faust est racontée depuis un siècle sous la forme d'un conte moralisateur. Cependant, Faust existe toujours et cette dernière constate, non sans une certaine espièglerie, les écarts entre la réalité et la fiction. En effet, l'alchimiste damné Faust est en fait l'érudite polymathe Johanna Faust et si elle a effectivement pactisé avec un démon nommé Méphistophélès, leur relation est beaucoup plus compliquée qu'une transaction manichéenne entre l'âme et un savoir interdit. Dès le premier chapitre, Johanna explique à son nouvel apprenti Marion que si les livres sont des ressources précieuses, il vaut mieux multiplier ses références pour éviter d'être piégée par le mensonge. D'ailleurs Marion se pose bien des questions sur Faust… Quelle est vraiment l'origine de Johanna ? Pourquoi poursuit-elle cette quête pour reconstituer son démon Méphistophélès démembré et éparpillé à travers le monde par l'inquisition ? Et si le lectorat se retrouve à prendre plaisir à suivre ces interrogations, c'est que le personnage de Johanna Faust est une réussite. Astucieuse, déterminée, expérimentée, et non dénuée de travers égocentriques, Johanna peut porter le récit à elle toute seule. Cependant, et là se trouve un des talents de Koré Yamazaki, tout ne repose pas sur la personnalité de l'héroïne. En effet, même s'ils interviennent dans un récit centré sur Faust, les autres personnages n'apparaissent pas comme transparents ou de simples éléments du récit. Ils donnent toujours l'impression de posséder une identité singulière et d'avoir leur propre interrogation. Leur propre démon, en quelque sorte. Autre atout narratif de la mangaka, son style artistique particulier qui arrive en une ou deux cases à exprimer un sentiment, une idée ou une situation avec des compositions très sobres. de même, avec un trait fin dépourvu d'effets de surcharge, la dessinatrice propose une grande variété dans les expressions de visage, notamment celui de Johanna.

Ce premier tome est assez court, car il ne comporte réellement que 120 pages. Pourtant ces quelques chapitres arrivent à installer une ambiance graphique, poser les bases d'un univers et surtout donner envie de connaître la suite. Il est à noter que le premier chapitre est disponible gratuitement sur le site de l'éditeur, initiative parfaite pour voir si on peut être intrigué, voire séduit, par Frau Faust.

Dernière précision : le tome 1 contient un récit indépendant en guise de complément pour atteindre les 200 pages, typique d'un manga relié. Ce petit one shot peut se présenter comme une nouvelle de fantasy urbaine, où l'héroïne découvre un musée étrange pour les objets qui veulent cesser d'être le sujet de la convoitise humaine et préfèrent être oubliés. Une histoire simple qui arrive à être touchante sans être naïve ou mielleuse. Encore une preuve que Koré Yamazaki est capable d'allier le merveilleux et les sentiments humains.
Lien : http://www.elbakin.net/fanta..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}