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Critique de lebelier


Depuis les années cinquante juste au moment du « grand bond en avant » de la période Mao jusqu'à nos jours (vers 2009, année du roman), Têtard ou Petit Trot se fait le narrateur de sa tante – tout le monde d'ailleurs l'appelle « la Tante » - gynécologue qui passe à travers toute cette histoire. Parallèlement, Têtard rend compte de l'évolution de la société depuis Mao.
On démarre dans une Chine pauvre dans laquelle les enfants meurent de faim à tel point qu'ils en viennent à manger du charbon puis dans celle du président Mao lors de la régulation des naissances pour justement empêcher ce genre d'excès. Au centre de ces évènements, la tante, qui de sage-femme, se fait avorteuse au nom de la loi du pays et du parti, actes qu'elle regrette à la fin de sa vie. Ayant épousé un artiste, un sculpteur sur argile, il lui façonne tous les bébés qu'elle « a tués » selon elle et elle leur voue un culte. Têtard est lui-même confronté au problème puisque sa femme attend leur deuxième enfant et essaie de fuir la loi du parti. Toutes celles qui ne se soumettent pas à cette loi sont rattrapées et priées d'avorter dans le centre local.
Plus tard, il s'agit d'une réflexion sur la maternité, le désir d'enfant des femmes qui ne peuvent en avoir et la « location » de mères porteuses sous couvert d'un élevage de batraciens, d'où le titre. Des femmes défigurées par un incendie par exemple, comme Chen le sourcil, - les prénoms viennent toujours d'une partie du corps comme l'explique Têtard au début du roman – sont louées à des fins de reproduction. Là encore, on joue avec la légalité, le respect des lois du parti qui a assoupli le régime de l'enfant unique mais pour les femmes, la grande frustration d'avant les incite à vouloir des enfants à tout prix. C'est le cas de la deuxième femme de Têtard, Petit Lion, ancienne assistante de « la Tante » qui veut son bébé en passant par le ventre de Chen le sourcil. Celle-ci, une fois qu'il est né, le réclame à en devenir folle et, à la fin dans la pièce de théâtre que Têtard prétend écrire et qui arrive en fin de roman, il y a un jugement de Salomon pour savoir qui des deux mères pourra s'en occuper de droit. Etonnant ces références des épisodes de la Bible dans un livre chinois. Têtard et Petit Lion ont aussi un enfant sur le tard comme Sarah et Abraham.
Ce roman grouille de vie, vie d'une petite province de la Chine populaire avec ses conflits, ses amours, ses jalousies ses traîtrises et ses pardons. Têtard grandit au milieu de tout ça et retrouve ses camarades de classe, dans un marché ou dans des bureaux où l'influence et le kitsch de l'occident commence à pointer le bout de son nez.
Un roman édifiant et prenant même si le début est assez complexe pour se souvenir de tous les noms, on sent une richesse énorme de tout ce qui est écrit et tout s'imbrique autour de jeu de mots chinois : « Wan » qui veut dire à la fois « bébé » et « grenouille. » Et tout est empli de sagesse, d'un regard bienveillant sur ces hommes et ces femmes qui s'ébattent avec leur vie et leurs ennuis.

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