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Critique de Walden-88


Depuis toujours, dans le village des Trois Patronymes, au plus profond de la chaîne montagneuse des Balou, les habitants meurent tous avant d'atteindre l'âge de quarante ans. Sima Lan, le chef du village est atteint à son tour de la maladie de la gorge obstruée. Hommes ou femmes, qu'ils soient Du, Lan ou Sima, tous finissent invariablement par mourir de ce mal incurable. Les plus chanceux peuvent espérer vivre jusqu'à 37 ou 38 ans mais beaucoup n'ont pas cette chance...

Yan Lianke nous conte, ici, l'histoire de ce village et de ses habitants qui, de génération en génération, luttent pour survivre. Malgré la fatalité, il faut fonder une famille, se marier jeune et avoir beaucoup d'enfants (vu que certains naissent infirmes ou nains et ne représentent que des bouches en plus à nourrir) afin d'assurer sa descendance et la population du village. Il faut s'accrocher à cette terre qui a bien souvent du mal à nourrir les familles, surtout quand on sait que la famine a souvent sévit au village des Trois Patronymes. Les villageois, pour gagner un peu d'argent, doivent se résoudre à aller vendre leur peau au dispensaire des grands brûlés pour les hommes et à partir à la ville faire le commerce de chair pour les femmes.

Les chefs du village se succèdent, chacun tente de réfléchir au moyen de prolonger la vie des villageois : cultiver le colza, retourner la terre et aménager des champs en terrasses ou encore construire un canal pour amener jusqu'au village l'eau de Lingyin. On retrouve dans ce livre, un thème cher à Yan Lianke : cette abnégation des paysans, cette volonté de survivre et de croire en une vie meilleure, ce courage pour se battre contre une cause perdue d'avance.

La fuite de temps se décompose en 5 livres, dans chacune des parties, l'auteur revient sur un événement antérieur dans la vie du village, ainsi plus le livre avance et plus on revient en arrière. Cette narration originale permet de remonter vers les causes premières et découvrir les personnages et leurs familles plus amplement. On revient sur la belle histoire d'amour entre Sima Lan et Sishi, né durant leur enfance, la rivalité depuis toujours entre cette même Sishi et Zhucui, la construction du canal, la grande famine et les rivalités ancestrales entre familles.

Ce récit est un vrai petit bijou d'ingéniosité ! La fuite du temps a des airs de récit biblique avec ses catastrophes et ses fléaux mais n'est cependant pas dénué de poésie et de beauté. C'est le troisième livre de Yan Lianke que je lis, après Les jours, les mois, les années et le rêve du village des Ding, et je dois dire que j'aime de plus en plus cet auteur qui ne cesse de me surprendre. Vivement son prochain livre : Les chroniques de Zhalie (qui sortira en librairie début septembre).
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