Une écriture enfantine (et pour cause, l'auteur a 12 ans) mais surprenante de courage, d'ambition salutaire, de maturité aussi, surprenante aussi par le ton "sentencieux" qui conclut chaque témoignage quotidien. On pense bien sûr aux leçons de morales à la manière des dictatures communistes mais aussi à un sportif de fond qui conclut chaque moment de doute ou de découragement par une parole d'auto-encouragement. On pense même à une littérature philosophique qui pousse à voir dans chaque événement quotidien une leçon pour l'avenir. C'est un ton qui dérange parfois mais qui impressionne aussi.
Quant à la réalité que décrit
Ma Yan (de 2000 à 2002) dans une province rurale de Chine, on peine à réaliser que cette misère rurale a lieu encore aujourd'hui, tant elle ressemble à ce qu'on a pu lire sur les paysans de l'Ancien Régime par exemple en France ou sur la vie des pauvres en Europe au 19e siècle.
En lisant ce témoignage, je pensais à un autre témoignage historique et romancé, "1000 pièces d'or", dont l'héroïne naît dans la Chine rurale du 19e siècle, parmi les paysans les plus pauvres. J'étais frappée par le peu de différences avec ce qui est décrit dans les deux témoignages.
Impressionnant de lire ce journal intime d'une adolescente qui se demande comment décrire la faim et de découvrir que, non seulement son cas n'est pas isolé, mais le fait de milliers d'autres, pour des raisons qui n'ont pas tellement à voir avec les conditions climatiques, mais plutôt la démission de l'Etat et tout simplement le fait que des populations rurales entières semblent totalement oubliées du reste du pays. Même si, depuis, la médiatisation du cas de
Ma Yan a poussé les autorités à réaliser quelques projets, les choses ne semblent pas avoir radicalement changé pour les habitants.
Et l'association Enfants du Ningxia qui avait été créée suite à la rencontre de journalistes avec
Ma Yan et aux réactions de lecteurs de Libération, semble ne plus rien publier depuis 2008.
http://enfantsduningxia.over-blog.com/article-18234947.html