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Critique de Annette55


Rien n'est banal dans ce très bel ouvrage des Éditions Sabine Wespieser, l'histoire d'une grand- mére tout juste disparue et de sa petite fille.
"Sous la tonnelle"nous enchante dés le début, par le fil d'un récit à l'écriture magnifique, tellement riche et belle que l'on désirerait citer nombre de phrases pour notre plaisir!, le tout mené tambour battant par la narratrice qui nous conte d' une maniére élégante, la vie de sa grand- mére, issue d'une famille d'Emigres Arméniens, ayant fui le génocide,et qui avait épousé un commerçant Libanais, devenue veuve trés jeune... Une femme amoureuse de la vie, lumineuse, insoumise ,animée d'un orgueil positif, vivant sa soif de liberté dans un monde qui le lui refuse....
Nous sommes à Beyrouth.
"Petit Liban, enclavé dans les confits des autres en plus des siens, réduit géographiquement à faire appel à un arbitre chaque fois que le conflit tourne au vinaigre" nous dit Hyam Yared, et plus loin"Cette ville, est celle où il y a partout des malentendants et des aveugles" et encore plus loin"Il y a trop de passions en Orient pour que les rêves ne se transforment en chaos"....car, en plus,de l'amour de l'humain de ces deux femmes, la petite fille et la grand- mére , leur refus des convenances,leur courage, la force de leurs convictions, leur désir d'amour et de son difficile apprentissage, nous vivons dans des pages déchirantes les souffrances de ce petit pays, en pleine guerre civile, la grand- mére refuse de quitter sa maison et son jardin fleuri, situés sur la ligne de démarcation, elle désire résister à la guerre, tente d'aider chacun comme elle le peut et reste neutre.....malgré le danger et les contraintes tragiques ," libre" dans sa tête....forte...
L'auteur rend un magnifique hommage à un Liban,déchiré, blessé, meurtri, violé, bousculé tout au long de l'histoire, dans la deuxième moitié du 20° siécle...face à ses contradictions....
Pour la petite fille en instance de divorce, déchirée entre sa quête de liberté et son besoin d'amour, sa grand - mére reste un point d'ancrage et un modèle ...
Un ouvrage sur la fidélité aux lieux, fidélité à la parole donnée, un récit émouvant et troublant sur le deuil, la perte d'une grand- mére passionnée, libre mais plus complexe et mystérieuse qu'il n'y paraît....
Deux images de femme magnifiques qui se font écho,portés par les mots révoltés et volontaires, jamais résignés de Hyam Yared.
Des passages inouïs et éblouissants qui méritent d'être relus:" Mon Liban à moi est fait d'obus. de cadavres. de destruction. de politiciens en jarretelles. le prix de la passe au Liban? Un pays entier avec quatre millions aux enchéres,assujettis à toutes sortes de manipulations...."
Une nostalgie douce,une quête de liberté et d'amour de ces âmes insoumises, généreuses et libres...
Un cri d'amour:"Toute ma vie,je m'étais préparée à recevoir ta mort comme on reçoit la vie".
" Ta mort légère comme des plumes d'oie. Comme le poids d'une chaîne en or. Vingt et un grammes".

Un très beau portrait de femme animé par ses propres obsessions, sur le désir, la violence, la passion...la guerre et ses ambiguïtés, un ouvrage qui m'a fait penser au si beau : "le soleil était chaud "de Josette Alia, lu il y a trés longtemps...


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