"Le bonheur n'est pas une attente. Il s'accroche aux gencives. Il a le goût de l'effort et de la persévérance."
Druzes, maronites, juifs, chiites, sunnites, avaient tous trouvé refuge dans les monts de ce pays aussi généreux que les hanches d'Irina. Malgré toutes les bêtises et les manipulations de l'Histoire, ce pays avait toujours tenu sur ses pieds et sa pluralité.
"Une ration par jour", se justifiait-il lorsque je lui demandais pourquoi, il économisait l'amour et le désir aussitôt qu'il était en présence des seins. "Afin qu'il t'en reste les jours de dèche. Je suis le coffre-fort de ton désir. Je stocke le surplus pour les jours où tu m'aimeras moins." Je trouvais impensable d'aimer moins. Haïr, peut-être, autant qu'on a aimé. Mais ne pas aimer moins.
« Ton jardinier avait attaché un tuteur à ton jasmin. Il fallait que le grimpant suive le mur. J'ai toujours eu peur de suivre le sort de tes grimpants. J'ai longtemps vécu le corps et l'âme sanglés par mon éducation. J'ai alors développé une technique infaillible pour passer d'un choix à un autre.[...] Jamais je ne pus naître mieux qu'en quittant. Mes parents. Plus tard, mon mari. »
Notre entrevue au beau milieu du chaos de la guerre était surréaliste. La vie derrière soi. La guerre devant.
Le cœur ne se dit pas, il se chuchote, sans presque de voix, disais-tu. C'est un murmure de lèvres d'où aucun son ne sort et où tout est possible.
La preuve du rêve est dans les arbres.
Tu voyais dans nos poumons un sanctuaire à la vanité des choses et citais Virginia Woolf : "La vie est un rêve. C'est le réveil qui nous tue."
Le seul fait d'exister te réjouissait.
J'ai pleuré de savoir que l'on vieillit. Je n'avais rien choisi. J'étais née, et je ne voulais pas mourir au même endroit. Je m'imaginais telle quelle, mais ailleurs. En Inde par exemple. En Iran, voilée et révolutionnaire. Dans un camp palestinien, issue d'une famille de réfugiés. Rester sur place m'indisposait. Écrire, c'est partir un peu. J'écrivis de tout mon être. Les mots réconfortaient ces besoins de fugue qui vous étreignent sans retour. Il m'importait peu d’arriver quelque part du moment que je partais. Je ne voulais qu'une chose : m'absenter.
La liberté est insupportable aux yeux se qui se résignent