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Citations sur Voyage vers l'an Mil (4)

[Dans un procès pour bigamie, le juge d'une communauté juive de Rhénanie s'attend à ce que la seconde épouse séfarade se plaigne de la première]
Ce que cette jeune femme affirme en effet, c'est que non seulement elle ne voit aucun mal à ce qu'elle-même soit doublée, mais elle désire, de son côté, doubler de même. Et par conséquent, alors qu'elle n'a rien à reprocher à la première épouse, dont elle a appris à apprécier la gentillesse et la patience tout au long du voyage, elle sent s'éveiller en elle une immense jalousie à l'égard du mari unique, qui a deux épouses, alors qu'elles n'ont, elles, qu'un seul époux. (...)
Mais par ailleurs, la colère et l'amertume de l'audacieuse Maghrébine emplissent le petit espace et ne laissent pas de place au doute : ce qui, pour la deuxième épouse, constitue une menace, ce n'est pas la duplication, c'est l'unicité. Egaré, éperdu, incapable de se dominer ni d'empêcher la curiosité de s'emparer de lui, l'arbitre pose alors une question étrange et fatidique, qu'il regrette avant même d'avoir fini de la prononcer :
"... un deuxième mari ? Comme qui, par exemple ?"
(...) "Mais comme vous, messire, comme vous, par exemple."
Précise et bien acérée, la flèche que l'on vient de lui décocher pénètre son âme et la remplit d'un plaisir inconnu en même temps qu'elle l'empoisonne d'un effroi nouveau. C'est maintenant, maintenant seulement, qu'il comprend le sens exact et la raison profonde de la rigidité judéo-rhénane, qu'il comprend pourquoi est aussi absolue l'interdiction que la communauté tout entière s'efforce de lui transmettre de derrière la draperie : "Doubler signifie multiplier ; et quand on multiplie, c'est à l'infini."
pp. 367-368
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"D'après quels critères les juges ont-ils été choisis ?" Il exige une réponse à la question qu'il répète à plusieurs reprises à messire Levitas, qui ouvre maintenant une petite porte et fait entrer trois hommes chétifs, vêtus de robes noires et poussiéreuses, portant chacun un grand rouleau de parchemin et une petite fiole de verre verdâtre. Ce sont des scribes, qui recopient des rouleaux de Torah, des phylactères et des saints écriteaux de portes. On les a recrutés dans les villages avoisinants pour qu'ils servent de juges.
"Des scribes ?" murmure le grand Rav andalou, profondément déçu à la vue de ces pauvres hères qui, à force de copier des textes, ont parfois la prétention d'en comprendre le sens. Mais messire Levitas pense beaucoup de bien de ses copistes.
p. 207
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Là-bas (à Tanger), Ben-Attar avait coutume de passer la première nuit du Jour de l'An chez sa première épouse. La deuxième, il la passait chez la seconde. Le repas d'avant le début du jeûne de Kippour était préparé par celle-là, tandis que celui qui le clôt, après la dernière prière de cette sainte journée, c'est chez celle-ci qu'il le prenait. Il commençait la construction de la cabane pour la Fête des Tabernacles dans la maison de la première épouse, et c'est à celle de la deuxième épouse que, le jour de Simhat Torah, il rapportait le petit rouleau de la Torah qu'il possédait. C'est ainsi qu'il agissait à toutes les fêtes, qui durent toutes deux jours et exigent naturellement la présence d'au moins deux épouses, toujours fraîches et bien disposées à venir en aide à l'homme qui, lui, est unique et risque d'être submergé par l'énorme quantité de mitsvot compliquées qu'il doit effectuer pour répondre convenablement aux exigences de sa foi.
p. 332
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Le mélange de plaisir et d'inquiétude qui envahit l'âme de l'épouse nouvelle déborde dans celle d'Aboulafia et finit par aboutir à Ben-Attar et au Rab Elbaz, qui deviennent impatients eux aussi d'arriver à temps à la ville sise sur le bord du Rhin, afin d'y accueillir comme il se doit la nouvelle année des Juifs, l'année 4760 qui, dans une centaine de jours, mettra au monde le jeune et sauvage An Mil du compte des chrétiens.
p. 312
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